Sunday, May 6, 2012


Frankie (bjm)
Olli (8mm musik)
Nils (blue angel lounge)
Anton (famous psychic and food critique)

Seattle 2012 

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Aufheben. Was ?

Lundi (7 mai) paraîtra le 13ème album en 13 ans de The Brian Jonestown Massacre : Aufheben. Occasion de rappeler qu’ Anton Newcombe, le leader génial et conscient de l’être du groupe, est sans aucun doute un, si ce n’est le musicien le plus prolifique de ces dernières années.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas (honte à eux) le Brian Jonestown Massacre est probablement le meilleur groupe de rock indie/psyché depuis une quinzaine d’années, c’est là du moins mon humble opinion. Etant donné que l’histoire, tumultueuse, du groupe prendrait des pages à être racontée, le plus simple pour vous est de regarder le documentaire Dig ! d’Ondi Timoner, un indispensable pour votre DVDthèque. Paru en 2004 et premier prix au festival Sundance, il retrace l’évolution du BJM en parallèle à celle des Dandy Warhols, deux groupes liés par l’amitié au début mais qui, par leur conception différente de la manière de faire entendre leur musique, se retrouvent rivaux et ennemis. Bref, je ne vous en dis pas plus…
« Aufheben » n’est pas un titre choisi au hasard. Ce mot, tout droit venu d’outre-rhin, peut signifier aussi bien « abroger », « nier », que « conserver » (utilisé dans un certain contexte il peut aussi signifier « faire beaucoup de bruit »). C’est cette polysémie antithétique, cette « ambiguïté dans l’usage de la langue » pour reprendre ses mots, qui a inspiré à Hegel le concept d’ « Aufhebung », c’est-à-dire le processus de dépassement d’une contradiction dialectique où les éléments négatifs sont éliminés et les éléments positifs conservés. En d’autre terme la faculté à choisir le sens opportun du mot. Possible référence au concept hégélien, mais ce qui semble intéresser Newcombe ici c’est cette relation contradictoire entre l’abroger et le conserver, comme il le déclare au magazine NME : “I love the concept of having to destroy something to preserve it – rip it up and start again. It makes sense with clay and sculpting, you don’t throw it away, you start again. I feel the same thing is true about society on many levels.” (les anglophobes iront se chercher un dictionnaire). Tout rayer et repartir sur de nouvelles bases.
On peut effectivement considérer qu’Anton Newcombe a depuis quelque temps (la rupture du groupe) pris un nouveau départ musicalement. Aufheben s’inscrit dans la continuité des deux albums qui l’ont précédé à savoir My Bloody Underground (2007) et Who Killed Sgt Pepper ? (2010), avec un virage marqué vers une musique plus psychédélique, voir parfois un peu transe, qui trouve son point culminant avec le très minimaliste « Black Hole Symphony » sur My Bloody Underground. Rupture avec une période 1993-2004 plutôt rock avec des albums comme Take it from the man ! (1996) ou Give it Back ! (1997) etc… que les critiques considèrent comme l’âge d’or d’un groupe qui a réussi à faire la synthèse entre le rock 60’s/70’s et le punk.
La continuité entre ces albums apparaît aussi dans l’européanisation d’Anton « fjordson » Newcombe, qui a enregistré Who Killed Sgt Pepper ? entre Reykjavik Londres et Berlin et Aufheben à Berlin. Une volonté de sortir de l’universel anglais pour expérimenter les sonorités d’autres langues déjà présente sur l’album de 2010 avec des voix islandaises sur « This Is the First of Your Last Warnings (Icelandic Version) » et le titre « Detka Detka Detka ! » (chérie, chérie, chérie) entièrement en russe. Sur Aufheben, le finnois est mis à l’honneur avec « Viholliseni Maala » et Newcombe s’essaie même à la langue de Molière, bien que difficilement reconnaissable, sur « Illuminomi ». 


La référence à ses influences plus marquées new-wave post-punk continue également. Après avoir ‘’samplé ‘’ « She’s lost control » de Joy Division pour le titre « This Is The One Thing We Did Not Want To Have Happen » dans Who Killed Sgt Pepper ?, ici, sur Aufheben, le dernier titre de l’album : « Blue Order New Monday », est une référence explicite au groupe New Order et à leur titre « Blue Monday ».
Pas de description méticuleuse de chaque titre de l’album, le mieux est encore d’écouter et de se faire une idée. Aufheben se présente comme une succession de ballades mélancoliques, à un pas plus ou moins rapide, dans le subconscient de leur auteur, baignant dans des sonorités orientales mêlées à la distortion des voix (parfois multiples) et des guitares.
Une chose est sure, à l’heure où les gens se pressent pour aller remplir leurs oreilles des décibels épurés produits par un mec si laid que la leucémie n’a même pas eu le courage de lui faire le coté droit de la tête, il est bon de savoir qu’il y a encore des gens capables de faire de la super musique avec des vrais instruments.
Vous pouvez également consulter l’interview d’Anton Newcombe réalisée par l’infâme Roger de Lille pour Gonzaï :
http://gonzai.com/the-brian-jonestown-massacre-le-murmure-de-berlin
Allez aussi checker la chaine youtube d’Anton, où en plus de pouvoir écouter des titres d’Aufheben, vous pourrez découvrir des titres inédits : http://www.youtube.com/user/antonfjordson
Sur ce, bonne écoute. Et demain, votez Hugues Capet !

Didier Pétrolette

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