portland listening party & french reviews
Gonzai : http://gonzai.com/brian-jonestown-massacre-le-mime-morrison/
Newcombe reste le seul membre permanent des BMJ. Autour de lui une galaxie tournoyante de musiciens envoyés valsés au gré des humeurs. Et c’est un peu le problème. Newcombe, c’est un peu Bez des Happy Mondays qui serait parti faire un album solo en se barrant avec le stock de coke. Et plus d’un même, treize. Et pas de Johnny Marr ou de Ray Manzarek pour faire contre poids. Newcombe astre solitaire traçant sa route dans les espaces infinies et glacées par la cocaïne, sans aucune attraction gravitationnelle capable d’infléchir sa course.
Admettons que je ne sois pas assez drogué au moment où j’écoute cet album. Mais avec ces grandes chevauchées sur un accord, la batterie dance derrière et les petits flonflons orientalisants, on est plus du côté de chez Atarax que chez Speedy. S’il s’agit juste d’être un tyran domestique, Mark E Smith est un meilleur connard que Newcombe. Et en plus The Fall c’est bien. S’il s’agit d’être un autiste californien, là encore la concurrence est rude. Et The Beach Boys c’est mieux. Techno rock sous XTC ? Primal Scream par KO. Krautrock berlinois ? Etc, etc.
Généralement les drogués qui partent enregistrer à Berlin en reviennent avec des chefs d’oeuvre ; « Low » de Bowie, « The Idiot » d’Iggy. C’est quand même la moindre des choses. Alors voilà, The Brian Jonestown Massacre c’est mieux que The Dandy Warhols. Mais c’est bien tout.
The Brian Jonestown Massacre // Aufheben // Differ-Ant
http://www.brianjonestownmassacre.com/
+ itw http://gonzai.com/the-brian-jonestown-massacre-le-murmure-de-berlin/
« Aufheben » est un disque qui tranche avec le précédent, « Who Killed Sgt. Pepper ? ». On avait un album certes psychédélique comme l’ensemble de l’œuvre, mais faisant un hommage prononcé à la musique des années 80, notamment avec le très flagrant (et froid) This Is The One Thing We Did Not Want To Have Happen qui rappelait avant tout She’s Lost Control de Joy Division. Newcombe nous sert cette fois-ci un album dans une lignée ambiant psychédélique, qui contre toute attente serait fait pour « se déplacer ». « C’est étrange, parce que les gens passent tellement de temps avec des ordinateurs ou des trucs du genre… Cet album est bien dans les déplacements, en mouvement, quand ils marchent ou peut-être conduisent… Au bureau, pas tellement. Sur des haut-parleurs peut-être, je ne sais pas. Il est probablement fait pour faire différentes activités. Pas du sport, mais quand tu bouges, peut-être ». Rires.
5 mars 2012, entre 15h et 17h : « Putain mais ça veut dire quoi Aufheben ?! »
« Aufheben » est en effet un terme de la langue de Goethe, qui, comme la plupart des mot de cette idiome, est traduisible de différentes manières (une bonne vingtaine pour celui-ci, en comptant l’usage de verbe substantivé). Pour Anton, le rapport se situe à la fois entre la pochette de l’album, qui reprend les « messages » envoyés par les États-Unis dans l’espace (« homme-femme-nous on est là entre Mars et Vénus-on est gentils-on écoute des trucs chouettes »), plusieurs significations du terme et le contenu de l’album « Aufheben peut vouloir dire ‘détruire’, et en même temps ‘protéger’, ‘accumuler’, ‘préserver’. Donc, si tu le prends d’un point de vue culturel, ils ont détruit la culture pour l’accumuler et la sauvegarder. Ainsi, je pense que c’est un mot intéressant lié à l’humanité et à la pochette (qui reprend là fameuse « plaque de Pionneer »). Ça aurait pu être bien si un scientifique avait mis ce mot sur la plaque pour exprimer l’idée qu’on a besoin d’être détruits pour être préservés. Je m’intéresse à l’eschatologie (l’étude de la fin du monde – NdA) et je pense que c’était intéressant de mettre tout ça en lien avec le disque. » Bien sûr, le côté eschatologique des titres de l’album n’est pas forcément évident au premier abord. D’ailleurs je ne le vois toujours pas, même après avoir écouté ce disque 168 fois dans divers types de situations, attentivement ou non, et ce en moins d’une semaine. Newcombe affirme qu’il y est, « moi j’y crois ».
En m’envoyant le disque, Bester m’a soutenu qu’il y entendait des clins d’œil à des titres comme Paint It Black. Si le simple fait d’insérer des instruments orientaux dans un morceau est une référence aux Stones… (En retirant la mauvaise foi de mon propos, on peut effectivement y songer en écoutant Panic in Babylon, premier titre de l’album) C’est certes cohérent, mais assez réducteur, là où on entend plutôt des références, conscientes ou non, à la face A du « Just a Poke » de Sweet Smoke (Baby Night, un morceau psychédélique avec de longues improvisations, des variations et évolutions, qui prend toute la face du disque. Environ 17 minutes au pays des flûtes et des acides, le tout emballé dans l’une des plus belles pochettes qu’il m’ait été donné de voir). Et quand on lui demande de définir sa musique, il explique : « Je pense qu’il s’agit de psychédélique, mais pas comme dans les années 60 avec ces tee-shirts et ces lunettes dingues. C’est du psychédélique en tant qu’esprit en expansion. C’est particulier à cause des acides. Je pense que ça peut être amusant, mais c’est autre chose. »
Pourquoi le ciel est bleu ?
« Who killed Sgt. Pepper ? » a été composé entre Reykjavík, Londres et Berlin. « Aufheben », seulement à Berlin. Malgré les a priori et autres interrogations existentielles que nous avions, l’Islande est un pays froid, « Who killed Sgt. Pepper ? » rend hommage à une musique que l’on qualifie usuellement de « froide ». Berlin est-elle une ville ambiant et psychédélique ? D’ailleurs, Berlin est-elle une ville ? Comment fait-il pour garder la « patte Newcombe » dans tous ses albums alors qu’il part toujours dans des expérimentations diverses ? Papa, pourquoi le ciel est bleu ?
Finalement, de l’aveu du compositeur, rien de tout cela n’entre vraiment en ligne de compte, et mis à part à New York, ça n’a que peu d’importance pour lui. « Je pense que New York est trop folle, trop de choses s’y passent, tu ne peux pas faire de bruit, si tu veux en faire il te faut une lourde isolation… Quel que soit l’espace, il peut y avoir un rapport à l’environnement, mais je ne pense pas que vivre à Berlin depuis 2007 ait affecté tant que ça « Aufheben » au niveau de l’inspiration. Ça facilite l’enregistrement de titres en français, en allemand, en finlandais, en suédois ou d’autres langues, tu vois ? Ça permet de rencontrer d’autres gens, et je trouve ça intéressant comme approche. La musique n’a pas de règles ». Au niveau de l’indépendance, sa ligne de conduite n’a pas changé non plus : « Je veux suivre ma propre voie, parce que j’aimerais voir d’autre gens faire de même. Dans le business, ça marche au succès, quel que soit le groupe, et si ils ne vendent pas assez de disques on les renvoie d’où ils viennent. C’est bizarre. Je pense que si tu prends ton propre chemin, si tu fais ton propre truc depuis longtemps, l’industrie n’aura pas le pouvoir de dire que c’est fini. »
Dans le futur, Newcombe veut composer des bandes originales pour le cinéma, à la manière classique, conventionnelle. Il déplore le manque de musique de film vraiment épique. À l’image de sa musique, ce garçon veut avant tout tenter des expériences, qu’elles soient humaines ou musicales, sachant qu’en général les deux sont liées et qualifiées d’ « art moderne abstrait avec technologie » dans l’idée d’approche de la rencontre. C’est par exemple le cas avec le morceau intitulé Seven Kinds of Wonderful dans lequel un Français nommé Thibault, qui a un groupe à Grenoble, et sa copine allemande chantent en français. C’est certes noyé dans l’écho et dans différentes strates sonores, mais c’est bien le cas. Si on devait résumer le disque, et aussi le personnage d’Anton Newcombe, on emploierait les termes d’indépendance, de rencontres, d’expérimentation. Mais surtout, après avoir rencontré cet homme nouveau, on doit oublier toute la période mise en images par DiG ! Qu’on doit désormais, face à l’attitude de ce « héros malgré lui », reléguer à un simple fantasme fait d’ « erreurs de jeunesse ». Le concert de plus de dix heures dans ce local perdu du Parti Communiste Américain pour une dizaine de personnes s’est achevé il y a plus de dix ans. La fin du monde, censée arriver cette année, ne sera finalement pas si mal avec un disque de qualité comme « Aufheben » dans les oreilles.
The Brian Jonestown Massacre // Aufheben // Differ-Ant
http://www.brianjonestownmassacre.com/
Crédit photo ouverture: Richard Bellia
-Concert&co http://www.concertandco.com/artiste/the-brian-jonestown-massacre/critique-cd-achat-vente-38039.htm
The Brian Jonestown Massacre propose une musique rock psyché où les influences (Velvet, My Bloody Valentine, Stones, Beatles, Dylan, Byrds, Joy Division Cure) se mêlent admirablement. BJM est ébouriffant sur scène ! En tournée en 2012.
Plus d'info
-Ground Control to Major Tom http://groundcontroltomajortom.typepad.com/blog/2012/04/brian-jonestown-massacre-aufheben.html
« Laisseriez-vous votre fille épouser un Rolling Stones ? » lança Andrew Loog Oldham lors de la sortie de Beetween The Buttons. Cette provocation pourrait très bien être appliquée à Anton Newcombe et sa bande du Brian Jonestown Massacre. Looser magnifique pour les uns, idole incontestable pour les autres, Anton Newcombe symbolise l’intégrité: il ne vendrait son âme pour rien au monde (hormis peut-être un trip acide avec Brian Jones) face à une industrie du disque dévoreuse. Cette légende a le rock tatoué dans l’épiderme et le prouve encore une fois avec Aufheben.
-Brain : itw http://www.brain-magazine.com/article/interviews/9659-Brian-Jonestown-Massacre---Lutte-contre-l_Arnaque-Planétaire
Retour en 2004. Aux dernières heures du rock'n'roll et de son romantisme manichéen suranné. Avant que Keith Richards ne sorte des best-sellers autobiographiques, que Pete Doherty ne vende du Kooples et que James Murphy ne soit surpris en train de forniquer avec Damon Albarn dans un magasin Converse. Dig! révélait alors Anton Newcombe à toute une génération de kids suburbains dont les illusions pucelles et l'amour de Nirvana n'étaient pas encore annihilés par l'ultra-capitalisme postmoderne. (Je le répète, c'était avant que Dylan n'enregistre ses chansons de Noël.) Une décennie d'albums inégaux et de célébrité mal assumée plus tard, le Brian Jonestown Massacre est toujours là (leur nouvel album sort le 30 avril), mais Newcombe a changé.
L'homme que nous rencontrons dans un bar à côté du Père Lachaise est un quarantenaire tranquille aux yeux très bleus et au débit de parole impressionnant (nous sommes obligés de mettre fin à l'interview nous-mêmes). Réveillé de 20 ans de défonce, il nous parle sans inhibition de la culture européenne, nous explique le système mondial de circulation des capitaux (à faire passer Jacques Cheminade pour un expert de l'OCDE), détaille ses stratégies Internet, chie sur la progéniture des Beatles et sur les jeunes en général. Au final, nous sommes surtout contents de voir que, derrière un personnage médiatique parfois ridicule, a quand même grandi un type plutôt chic — à la fois chaleureux et aigri, égocentré et naïf, un peu paumé et souvent très drôle. Interview avec un arnaqué.
Anton Newcombe : Tu sens un peu la bière. Te penche pas trop vers moi.
J'ai dû me donner du courage. Non seulement tu es une sorte d'idole de jeunesse, mais tu as la réputation d'être quelqu'un d'assez intimidant. J'imagine que tu es au courant ?
Anton Newcombe : Tiens, dans l'avion je lisais un article sur ça dans Elle. Apparemment c'est un gros atout d'avoir une personnalité intimidante, et beaucoup l'utilisent pour parvenir à leurs fins. Il y avait aussi un article selon lequel tu ne devrais jamais rencontrer tes idoles. T'es dans la merde !
J'imagine qu'il y un niveau à partir duquel l'idolâtrie empêche le travail de journalisme sérieux. Mais je vais faire de mon mieux.
Anton Newcombe : Je charrie. L'article en question était écrit par une femme qui avait rencontré Paul McCartney dans le cadre d'une interview, il y a 40 ans. Sauf que c'était à peu près la période où John Lennon est mort, et que l'attaché de presse avait passé trois quarts d'heure à lui détailler tous les sujets qu'elle ne pourrait pas aborder pendant l'entretien ! Pas de John, pas de Beatles, blablabla, juste des questions sur le nouvel album un peu minable. Et du coup devant Paul elle s'est retrouvée complètement paralysée, incapable de lui poser une seule question. Heureusement qu'elle se rattrape dans Elle 40 ans plus tard.
Toi, tu utilises ta personnalité intimidante à ton avantage ?
Anton Newcombe : Non pas du tout. C'est pas mon style.
La dernière fois que je t'ai vu en concert avec le Brian Jonestown Massacre c'était à un festival en Espagne en 2008, et tu avais ouvert le set en criant: "C'est bon d'être de retour en France!" Les Espagnols étaient vexés, moi j'en ai conclu que la France occupe une place à part dans ton cœur.
Anton Newcombe : Ouais, j'étais sans doute bourré. Et puis j'aime bien provoquer comme ça, c'est cool. On joue à un festival dans le Pays Basque cet été et je vais imprimer des tracts où il y aura ma tête sur le corps de Rio Ferdinand, ou un autre type du Real Madrid. Ca va être hilarant ! C'est fou ce qu'on peut faire de nos jours avec Photoshop. Je suis un artiste multimédia. Et puis tout le monde voudra nous tabasser mais je serai comme, "Fuck you mec, je déteste le foot."
Tu utilises quoi d'autre comme différents médias ?
Anton Newcombe : J'utilise tout. Certaines personnes ne savent utiliser qu'un médium, moi c'est tout et n'importe quoi, genre Twitter, Facebook et autres. Sauf que je n'ai pas de téléphone portable.
Ça ne complique pas les choses ?
Anton Newcombe : Non, pas vraiment. Je ne veux pas de portable parce que sinon le gens vont commencer à vouloir me parler tout le temps. Et puis ça ne sert à rien. Tu peux regarder l'horaire de ton avion ou jouer à la marelle virtuelle. Tu peux le perdre. Ou si tu as des enfants, ça devient ton moniteur bébé permanent. Très peu pour moi.
Ton dernier album était enregistré aux quatre coins du monde et de l'Europe. Tu es allé où pour le prochain ?
Anton Newcombe : On a tout enregistré à Berlin. J'y habite depuis quelques années, même si je continue de voyager beaucoup.
D'où le titre en allemand, Aufheben. Pourquoi Berlin et l'Allemagne ?
Anton Newcombe : Je sais pas… on me dit que c'est un endroit formidable, l'idéal de la vie en ville. Ce que moi je trouve formidable c'est qu'on m'y fout la paix. Personne ne va te faire chier dans la rue, sauf peut-être pour te demander où est le U-Bahn, et là je réponds n'importe quoi parce que je prends que des taxis. Enfin ce qui est clair c'est que c'est l'opposé de la vie à New York.
Tu te sens enfin chez toi ?
Anton Newcombe : J'ai voyagé toute ma vie, et même si je cherche toujours des espaces où je me sens en sécurité, je n'ai aucune idée d'où je vais finir mes jours. Aujourd'hui j'ai choisi Berlin et je m'y suis installé parce que nous avons un studio à nous, et que quand tu veux continuer à faire de la musique c'est vraiment utile. Autrement tu paies trop cher en locations, surtout avec la manière dont je travaille.
Comment tu travailles ?
Anton Newcombe : Je vais t'expliquer comment je ne travaillerai jamais: je suis pas le genre de mec qui un jour se lève et dit, "Bam, on va aller s'acheter des nouveaux blousons en cuir et des nouvelles lunettes noires, et puis on va pomper le Jesus & Mary Chain. On n'a que 4 jours pour enregistrer et 3 jours pour mixer, et comme on sait pas faire nous-mêmes on va demander au type de Jesus & Mary Chain de venir le faire pour nous." Super plan ! Moi je suis plus dans l'inspiration du moment. Je m'assieds et je réfléchis jusqu'à-ce qu'une idée me remonte. Et ce même quand on avait un studio booké à 1000 euros la journée, je m'asseyais et tout le monde pouvait attendre. C'est comme la voile, finalement, tu dois t'en remettre à des forces extérieures pour te porter.
J'ai l'impression que tu travailles beaucoup au contact, au gré des situations et des rencontres. Ton dernier album faisait contribuer des musiciens de village islandais et Mark Gardener de Ride. A l'heure où beaucoup de groupes travaillent par email, même lorsque tout le monde habite dans la même ville, c'est un humanisme très old-school.
Anton Newcombe : Ouais, complètement.
Avec qui tu aimerais travailler aujourd'hui ?
Anton Newcombe : J'ai envie que mon prochain album soit enregistré en collaboration avec le monde du cinéma. J'ai envie de faire une vraie BO de ouf, pour un film qui serait fait avec talent, pas une production de la boîte à bouse hollywoodienne. Je veux embaucher Pierre Henry ou quelqu'un comme ça. Aujourd'hui il n'y a plus de films qui utilisent la musique comme vrai vecteur d'émotions et de sensations. Sergio Leone le faisait. Ou Spike Lee, dans Do the Right Thing: quand Public Enemy commence à jouer, tu passes à un autre niveau d'énergie et d'atmosphère. Maintenant, tout ce que t'as c'est la BO de Twilight, avec Black Rebel Motorcycle Club, Black Lips et Black Angels qui font un morceau intitulé Dark Twilight (Black Remix 2). C'est à gerber.
C'est quoi le dernier film acceptable que tu aies vu ?
Anton Newcombe : Tu sais quoi, je suis pas intéressé par le cinéma, pour la même raison que je n'écoute pas les radios commerciales. Tout est pareil, tout est complètement creux, peut-être même nocif pour ma santé.
Tu ne penses pas que certains artistes arrivent quand même à créer leur univers en marge des codes et de la standardisation capitaliste?
Anton Newcombe : Non. En tout cas pas hors d'Europe. Aux USA, on a peut-être moins tendance à acheter de la merde juste parce que le New York Times certifie que beaucoup d'autres débiles l'ont déjà achetée. Et on a peut-être moins tendance à produire des films simplement parce que l'histoire est bien et qu'on a une bonne idée de couverture pour le DVD. Mais globalement, le méga business décide de tout aujourd'hui, y compris de ce qu'on consomme. On est arrivé à un stade suprême de fascisme commercial, de totalitarisme libéral. Personne ne veut t'avancer 1000 dollars pour un album parce que tout le monde ne brasse que les millions. On te dit que tu ne peux plus prendre ta voiture pour aller camper en montagne parce que ça pollue, en même temps qu'on construit des immeubles qui sont faits pour durer moins de 10 ans. Et en attendant, tu as ce putain de Richard Branson (patron de Virgin, ndlr) qui est prêt à payer 5 millions pour se masturber en apesanteur dans la Station Spatiale Internationale. On est prêt à faire un trou supplémentaire dans l'atmosphère juste pour que Demi Moore et ce putain d'Ashton Kutcher puissent pratiquer leur yoga kabbaliste de merde dans les étoiles, et après on te dit qu'on doit diminuer le nombre de taxis. Non, sérieux, il y aura des bons films et de la bonne musique quand la Chine et les Etats-Unis seront prêts à imiter le modèle scandinave. Et on deviendra tous des Télétubbies équipés de panneaux solaires. Putain quand je pense à tout ça je me sens tellement arnaqué.
Par quoi ? Par qui ?
Anton Newcombe : Pense à toutes ces idées progressistes, à toutes ces valeurs que tes parents ont dû te communiquer s'ils sont à moitié intelligents. Tu as l'air bilingue donc tu as dû lire des livres, tu t'es sûrement intéressé à la science, enfin tu as dû regarder ces émissions scientifiques futuristes super-enthousiastes dans lesquelles on te dit que, si tu apprends bien à l'école, le monde deviendra un paradis hypermoderne et équitable. Génial ! Formidable ! Sauf que je regarde ma vie aujourd'hui, et je me dis que je me suis fait putain d'arnaquer.
C'est toi qu'on devait envoyer dans l'espace, c'est ça ?
Anton Newcombe : Ben ouais ! Et puis avec des robots serviteurs. Au moins, on devrait pouvoir vivre sous la mer.
Ta musique, c'est une manière de faire passer l'arnaque planétaire ?
Anton Newcombe : Je lutte pour créer ma propre industrie, en parallèle. J'essaie de prendre le maximum de personnes sous ma coupe. Récemment on s'est mangé du retour de bâton dans le NME parce que l'un des groupes que je soutiens n'est soi-disant qu'un ersatz de Galaxie 500 qui, sans mon nom derrière, ne mériterait aucune attention médiatique. J'ai envie de dire, fuck you, c'est un groupe qui ne réinvente rien mais qui mérite d'être écouté bien plus que toute la daube qui sort de chez Simon Cowell ! Je n'en veux pas aux journalistes, ni aux consommateurs et aux vendeurs de disques: je réalise que la place est limitée sur les étagères et dans les colonnes de magazines. Mais qu'on ne se foute pas de ma gueule. Aujourd'hui tout le monde sait qu'on sature, qu'il y a suffisamment d'entertainment produit chaque jour pour nous occuper à vie. Pourtant tu as ces méga-corporations qui poussent pour produire toujours plus, toujours plus gros. Comme Susanne Boyle. Putain de Subo, qui chante Wild Horses et tout d'un coup les Rolling Stones sortent un EP digital trois-titres sur iTunes. Donc qu'on ne me fasse pas culpabiliser de vouloir soutenir des gens que j'aime bien.
Pour une grande partie des adolescents de ma génération, tu incarnais effectivement l'idéal d'une culture et d'une attitude underground. Tu fais aussi partie des derniers groupes à avoir atteint un statut culte sans l'aide d'Internet…
Anton Newcombe : Woah mec, attends, l'Internet je l'utilisais avant tout le monde. On était les premiers à faire du streaming lors de nos concerts ! On vient de la région où tout ça a été inventé, donc on a direct utilisé cette technologie, alors que les Rolling Stones et tous ces groupes de merde qui streament leurs concerts aujourd'hui n'en avaient même pas entendu parler. Et aujourd'hui, j'ai des stratégies de fou pour atteindre l'underground global via Internet. Exemple: j'enregistre un morceau dans une langue étrangère improbable, genre le Finlandais, et hop je mets ça immédiatement sur Youtube et en peer-to-peer. Deux mois après j'ai 20 000 fans dans des pays qui ne connaissent pas le rock'n'roll. Par contre toute cette merde de Bandcamp et autres sites de partage musical, je chie dessus. Un "album" sur Bandcamp n'est pas un album, c'est un profil musical pour aller avec ta photo Facebook. Et si ton meilleur plan c'est de forcer tes amis à "Liker" tes morceaux, ou d'inonder la page Facebook de Johnny Marr pour qu'il écoute tes démos, t'as vraiment pas de plan. Ça dévalue la musique, tout ça. C'est pour cette raison que les salles de concert ne veulent plus payer autre chose qu'un salaire de DJ minable.
Tu penses que l'Internet tue le rock ?
Anton Newcombe : Non mais ce qu'il faut se demander c'est comment ça marche. On te dit, "Tiens, voila la nouvelle vidéo qui va faire du buzz et devenir virale," mais personne n'en sait rien, c'est juste du marketing qui espère créer une prophétie auto-réalisatrice. C'est aussi à cause de l'Internet que des gens peuvent prendre au sérieux l'idée du fils McCartney de créer un groupe avec les enfants des Beatles. Personne n'écoutait sa musique alors il a dû faire du buzz. Mais qu'est-ce qu'ils vont bien pouvoir accomplir ces connards ? Tout ce qu'ils ont c'est un nom de famille et un projet débile qui fait parler d'eux. Il y a déjà un groupe qui s'appelle The Autralian Beatles Psychedelic Experience ou un truc du style, et je suis certain que leur musique est meilleure que celle des enfants Beatles. Et puis tant qu'on y est, pourquoi pas multiplier les degrés de séparation ? "Tenez, voici le fils du jardinier de Ringo Starr, complètement défoncé. Mais comme il a moins de 6 degrés de séparation, il va jouer du tambourin."
Comment as-tu fait pour échapper à tout ça ?
Anton Newcombe : Je sais pas. Je pense que j'ai finalement eu de la chance que tout le monde ait été contre moi, que plein de gens m'aient poussé de côté, m'aient trahi, m'aient traité de gros junkie incapable d'aligner deux morceaux en concert. Ils sont où maintenant, tous ces groupes, qui avaient pourtant signé de gros contrats à l'époque ? C'est comme les groupes qui sont découverts sur le net aujourd'hui: au bout d'un an, ils ont disparu, tout le monde les a oubliés. Je pense aussi que ma musique est intemporelle car je n'ai jamais voulu écrire pour les jeunes. Ça c'est une tragédie, le rock pour les jeunes. Moi l'adolescence j'ai détesté, j'étais pas le genre de garçon qui regardait Fox et qui éjaculait à chaque fois qu'un aigle se transformait en avion de chasse américain dans les dessins animés. J'ai jamais suivi la mode des jeunes, et jamais été un pédophile comme Justin Bieber.
Donc tu feras jamais un album pour enfants ?
Anton Newcombe : Ah si, tiens, j'y pensais hier en marchant dans la rue. Drôle que tu me demandes ça. Ca sera un album excellent, avec des refrains imparables.
Tu vas te déguiser et incarner un personnage rigolo, comme Barney le Dinosaure ?
Anton Newcombe : Non je vais plutôt expérimenter avec l'idée d'un morceau interactif, genre libre d'accès. "Vas-y, gamin, tu peux remixer ce morceau sur ton iPad!"
Tu rigoles mais je connais au moins un enfant de 5 ans qui a un iPad.
Anton Newcombe : Mais oui, c'est l'avenir ! La nouvelle frontière. Les parents vont kiffer à mort quand ils verront des petits jouer avec mon super logiciel à base d'algorithmes musicaux. Les bébés vont remixer Bach. Et le Brian Jonestown.
On vit un bon gros revival 90's depuis quelques temps. Tu te sens concerné, toi qui as commencé à jouer en 1990 ?
Anton Newcombe : Non, parce que dès le début on a essayé de nous labelliser comme un groupe des 60's. On disait, la révolution hippie contre-culturelle est de retour ! Heureusement j'ai bien saboté ça en mettant des flingues sur les couvertures de mes albums, pour qu'ils ne puissent pas les vendre chez Best Buy et Walmart.
On a dit la même chose du mouvement "Occupy," qu'il s'agit d'une forme de retour de la contestation hippie. Tu as participé ?
Anton Newcombe : Il me paraît évident, et je pense que c'est évident pour tout le monde aujourd'hui, qu'il y a de gros, gros problèmes avec notre société capitaliste multipolaire. Personne ne peut plus rien faire sans des quantités infinies d'argent complètement virtuel. Et puis le gouvernement veut surveiller nos emails, nos comptes Facebook, qui vont bientôt devenir obligatoires à la naissance. On se fait fouiller le rectum à l'aéroport, au nom de la lutte contre le terrorisme. A chaque fois je leur dis, "La reine d'Angleterre aussi a pu être corrompue par un imam, pourquoi vous lui fouillez pas la chatte à elle ?" Les droits sociaux acquis grâce aux mouvements contestataires et syndicaux sont bradés à des compagnies milliardaires. Et pendant ce temps toutes les polices locales aux U.S. achètent des tanks et des mitraillettes pour faire face à la rébellion quand elle explosera. Je pense qu'on ne peut rien faire, qu'on doit juste laisser la société s'auto-détruire. L'hubris qui anime le système mondial finira bien par se dégonfler. Tous ces égoïstes qui accumulent de l'argent se retrouveront comme les grosses fortunes du Zimbabwe, à devoir payer 4 millions pour un rouleau de PQ. Je suis finalement assez sceptique vis-à-vis des mouvements Occupy car je pense qu'on est impuissant, et qu'au pire on se retrouve à produire des trucs comme Kony 2012, pour justifier l'impérialisme en Afrique et récupérer du pétrole. Tout est éphémère, comme la popularité de Leif Garrett. Tout ce qu'on peut faire, dans ce monde, c'est prendre soin les uns des autres, prendre soin de ses voisins, des vieux, des étrangers… Et puis voilà.
Fabien Cante.
-Autres Directions http://autresdirections.net/spip.php?article2248
vendredi 27 avril 2012, par
Avec Anton Newcombe, l’auditeur ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre, entre expérimentations soniques sous l’emprise de puissants narcotiques et instantanées rock’n’roll catchy dans un état second. Le garçon est aussi talentueux qu’ingérable et on s’amuse à suivre de loin en loin ses tribulations de "redneck rocker" exilé dans un des plus bouillonnants centre culturel européen, Berlin. C’est d’ailleurs là que ce treizième (!) album, affublé d’un patronyme germanique de circonstance, a été enregistré avec l’aide d’une poignée de musiciens déjà croisés au sein d’une des multiples configurations de Brian Jonestown Massacre ou empruntés chez les figures tutélaires du genre, les Britanniques Spacemen 3 / Spiritualized. On compte aussi, comme souvent chez BJM, une invitée exotique avec la présence de la Finlandaise Elisa Karmasalo qui donne délicieusement le change à Newcombe au micro, sans qu’on parvienne à déchiffrer plus l’un que l’autre. Pour autant, si on localise une influence récurrente sur Aufheben, ce serait plutôt sur les rives du Gange. Depuis Panic In Babylon qui brasse d’entrée de jeu le cerveau jusqu’à l’insupportable Face Down On The Moon et ce satané air joué à la flute, nombre de morceaux sont saupoudrés d’un revival psychédélico-oriental. Car comme toujours avec Anton Newcombe, l’air est chargé de vapeurs qui perturbent les sens, de fumées, d’encens et de patchouli. Mais somme toute, c’est aussi pour cela que l’on apprécie Brian Jonestown Massacre et on ne boudera pas notre plaisir puisque cela faisait bien longtemps que le groupe n’avait pas livré d’aussi évidentes chansons toxiques. La fin du disque est d’ailleurs particulièrement jouissive avec ce Blue Order New Monday en forme de clin d’œil appuyé au plus grand groupe de Manchester de tous les temps.
Aller plus loin (mots clés et articles associés) :
-Hartzine : http://www.hartzine.com/chroniques/brian-jonestown-massacre-%e2%80%93-aufheben
Pour les rêves jugez plutôt : l’album a été enregistré à Berlin, la ville des fantasmes et des fractures, le lieu de retraite de Lou Reed et de Bowie et cela dans le pays qui a vu éclore le plus grand groupe pop du monde. C’est donc un album peuplé de fantômes ; de vieilles amours imaginaires ondulant entre différentes époques – toutes aussi perdues, toutes aussi vaines. Mais c’est aussi un album de réconciliation qui décrit joliment les retrouvailles discographiques d’Anton avec son faux frère Matt Hollywood, génial membre fondateur du groupe ayant toujours souffert de l’égo surdimensionné du gourou de San Francisco. Encore plus émouvant peut-être, Aufheben raconte également la rencontre spirituelle et musicale d’Anton avec son faux grand frère, Will Carruthers de Spiritualized et Spacemen 3, sûrement un de ses derniers modèles vivants.
Il est cependant très étrange d’écouter encore un album du Brian Jonestown Massacre car ce groupe semble à jamais touché par le sceau de l’anachronisme. Véritablement découvert par le biais de l’un des meilleurs documentaires rock de tous les temps, Dig, le groupe avait alors déjà perdu de sa superbe. Anton était devenu adipeux et grisonnant, amorphe, et semblait surtout s’être égaré dans des expérimentations bizarres où trop d’instruments, trop de pédales et trop de drogues se mélangeaient. Ce qui était triste, c’est que la créativité du musicien ne se s’était jamais tarie mais semblait simplement toujours plus en décalage avec les désirs d’un public à la recherche d’un nouveau Take It From The Man, le chef-d’œuvre du groupe sorti des années auparavant dans l’indifférence générale. Désormais, même ce public nostalgique des premières sorties du groupe semble s’être détourné du Brian Jonestown Massacre. Célèbre et admiré comme référence ultime des années 1990, Anton Newcombe est dans l’imaginaire collectif moins considéré comme un musicien actif que comme un anti-héros tragique. Une figure de la solitude et de l’échec du génie.
Alors qu’est-ce qui change avec Aufheben ? Qu’est-ce qui fait que cet album devrait être écouté un peu plus que les autres ? Pas grand chose en fait. Il y a dans ce disque, comme dans les derniers du groupe, des choses hermétiques et à la lisière du non-sens en terme de production : des plages longues de flûtes traversières, des introductions décevantes, des phases ronflantes. Pourtant, il y a aussi quelque chose qu’il serait dommage de négliger. Il y a ce voile, cette sensation floue et glissante qui nimbe toutes les chansons. Et ce quelque chose sans nom est peut-être de l’ordre de la nostalgie ou de la résignation. Les titres de Aufheben sont langoureux, ils semblent ancrés dans un temps mortel mais tentent également avec beaucoup d’humilité de dilater ces minutes si courtes, ces secondes déjà perdues. L’album a une poésie de la durée et lorsque la mort arrive tranquillement à la fin des onze titres, cette mort a des couleurs douces et tendres.
-X Silence http://www.xsilence.net/disque-8502.htm
-Libé Next :itw http://next.liberation.fr/musique/2012/05/03/les-gamins-de-13-ans-ecoutent-de-la-merde-on-leur-fait-aimer-ca_816072
-Mowno http://www.mowno.com/disques/brian-jonestown-massacre-aufheben/
(A Records)
30/04/2012
-Les Inrocks / photo Montfourny http://blogs.lesinrocks.com/photos/2012/05/03/the-brian-jonestown-massacre-2/
Retour sur le devant de la scène pour Anton Newcombe, âme torturée et incarnation de son concept The Brian Jonestown Massacre. 13ème album studio nous dit-on et retour à une écriture pop. Ce qui veut dire pop et psyché en fait ! Simplement Aufheben enregistré principalement en Allemagne où il réside actuellement échappe aux expérimentations tortueuses auxquelles il nous avait confronté. Le disque se termine par un log et malicieux Blue Order/New Monday. Et, du coup, la France a droit à une tournée qui débute le 6 juin à Rennes et se termine par Clermont Le 4 juillet et Paris le 5.
-Coup d’Oreille : itw http://www.coupdoreille.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=249:anton-newcomben-lnje-ne-veux-pas-faire-partie-de-tout-ce-bordelnr&catid=2:blah-blah&Itemid=3
BRIAN JONESTOWN MASSACRE
////////// 16 avril 2012
BRIAN JONESTOWN MASSACRE
Le mime Morrison
Le mime Morrison
Il faudrait une certaine abnégation pour chroniquer chaque sortie du Brian Jonestown Massacre, 13 albums en 13 ans et toujours le même, ou presque. Entre temps nous avons fondé des familles, acheté un frigidaire et pour les plus chanceux un pavillon dans les Yvelines (sacrés veinards) ; tandis que lui, Anton, toujours là, a frappé son tambourin sur le quai de la gare. Toujours pas mort, toujours aussi perché. Pas très haut néanmoins. Et celui qui n'est pas venu avec sa bassine de drogue risque d'être vite largué.
Car vous en aurez bien besoin. C’est plus qu’un cliché concernant le BMJ, mais l’image venant spontanément à l’esprit est celle de deux vieux amis sous stupéfiants qui discutent sérieusement de savoir si « LA Woman » est vraiment un disque des Doors, voire même s’il s’agit vraiment d’un disque (en fait), et non pas d’autre chose. Ou alors d’un livre de qui déjà. Ah oui, Pink Floyd. De quoi on parlait déjà ? Pour suivre, il va falloir se mettre raccord. BMJ a toujours été pour moi ce groupe de fiction présenté dans le film Dig, monté en pseudo-opposition avec les Dandy Warhols, un groupe dont la seule évocation me provoque le cafard, un peu à la manière de certains noms de ville comme Bourgoin Jallieu ou Aurillac. Un sentiment de désolation. C’était l’histoire de la prostitution à la société du spectacle face à l’intégrité d’un homme, Anton Newcombe, qui n’allait quand même pas cessé de frapper sur son tambourin au pretexte qu’il ennuyait tout le monde. Intégrité artistique totale. Pas vraiment le bon père de famille néanmoins. Vindicatif et psychopathe, alcoolique et héroïnomane, égotique et paranoïaque, Newcombe était cette sorte de mauvaise fiction de Jim Morrisson auquel on aurait injecté de l’ADN à Philippe Manoeuvre, pour le côté monomaniaque des Stones.Voici donc « Aufheben ». Anton vit à Berlin, il a peut être rencontré une groupie en deuxième année de philosophie qui lui a parlé de Hegel, ou plus probablement croisé dans la rue un gif de chien rouge et jaune qui lui a dit « Aufheben toi la tête mon vieux« .
« Aufheben », dans la mythologie hégélienne, c’est le principe qui consiste à dépasser tout en la conservant une contradiction thèse antithèse dans une synthèse plus haute. Qui elle même révelera alors sa propre contradiction interne. Ce qui est d’ailleurs ce que tous les lycéens font au bac, avec le célèbre plan de dissertation oui / non / pourquoi pas. Compris par Anton, ça donne une tentative de dépassement de la contradiction musique pour les masses / intégrité artistique, posée dans les termes Blue Monday / New Order par la synthèse newcombienne « Blue Order New Monday » : au final un truc de néo hippie trans’ avec des tambourins. Comme d’habitude.Newcombe reste le seul membre permanent des BMJ. Autour de lui une galaxie tournoyante de musiciens envoyés valsés au gré des humeurs. Et c’est un peu le problème. Newcombe, c’est un peu Bez des Happy Mondays qui serait parti faire un album solo en se barrant avec le stock de coke. Et plus d’un même, treize. Et pas de Johnny Marr ou de Ray Manzarek pour faire contre poids. Newcombe astre solitaire traçant sa route dans les espaces infinies et glacées par la cocaïne, sans aucune attraction gravitationnelle capable d’infléchir sa course.
Admettons que je ne sois pas assez drogué au moment où j’écoute cet album. Mais avec ces grandes chevauchées sur un accord, la batterie dance derrière et les petits flonflons orientalisants, on est plus du côté de chez Atarax que chez Speedy. S’il s’agit juste d’être un tyran domestique, Mark E Smith est un meilleur connard que Newcombe. Et en plus The Fall c’est bien. S’il s’agit d’être un autiste californien, là encore la concurrence est rude. Et The Beach Boys c’est mieux. Techno rock sous XTC ? Primal Scream par KO. Krautrock berlinois ? Etc, etc.
Généralement les drogués qui partent enregistrer à Berlin en reviennent avec des chefs d’oeuvre ; « Low » de Bowie, « The Idiot » d’Iggy. C’est quand même la moindre des choses. Alors voilà, The Brian Jonestown Massacre c’est mieux que The Dandy Warhols. Mais c’est bien tout.
The Brian Jonestown Massacre // Aufheben // Differ-Ant
http://www.brianjonestownmassacre.com/
+ itw http://gonzai.com/the-brian-jonestown-massacre-le-murmure-de-berlin/
////////// 16 avril 2012
THE BRIAN JONESTOWN MASSACRE
Le murmure de Berlin
Le murmure de Berlin
Anton Newcombe, figure emblématique du Brian Jonestown Massacre, a accordé une interview à Gonzaï pour la sortie de son dernier album, « Aufheben ». Cette fois-ci, nous avons droit à une entrevue simple avec un personnage apaisé, sympa et loquace, au cours de laquelle on parle de musique, de fin du monde et de liberté artistique, reléguant « DiG! » à un simple fantasme.
« Ne convient pas aux enfants, ce disque peut causer des maladies mentales »« Aufheben » est un disque qui tranche avec le précédent, « Who Killed Sgt. Pepper ? ». On avait un album certes psychédélique comme l’ensemble de l’œuvre, mais faisant un hommage prononcé à la musique des années 80, notamment avec le très flagrant (et froid) This Is The One Thing We Did Not Want To Have Happen qui rappelait avant tout She’s Lost Control de Joy Division. Newcombe nous sert cette fois-ci un album dans une lignée ambiant psychédélique, qui contre toute attente serait fait pour « se déplacer ». « C’est étrange, parce que les gens passent tellement de temps avec des ordinateurs ou des trucs du genre… Cet album est bien dans les déplacements, en mouvement, quand ils marchent ou peut-être conduisent… Au bureau, pas tellement. Sur des haut-parleurs peut-être, je ne sais pas. Il est probablement fait pour faire différentes activités. Pas du sport, mais quand tu bouges, peut-être ». Rires.
5 mars 2012, entre 15h et 17h : « Putain mais ça veut dire quoi Aufheben ?! »
« Aufheben » est en effet un terme de la langue de Goethe, qui, comme la plupart des mot de cette idiome, est traduisible de différentes manières (une bonne vingtaine pour celui-ci, en comptant l’usage de verbe substantivé). Pour Anton, le rapport se situe à la fois entre la pochette de l’album, qui reprend les « messages » envoyés par les États-Unis dans l’espace (« homme-femme-nous on est là entre Mars et Vénus-on est gentils-on écoute des trucs chouettes »), plusieurs significations du terme et le contenu de l’album « Aufheben peut vouloir dire ‘détruire’, et en même temps ‘protéger’, ‘accumuler’, ‘préserver’. Donc, si tu le prends d’un point de vue culturel, ils ont détruit la culture pour l’accumuler et la sauvegarder. Ainsi, je pense que c’est un mot intéressant lié à l’humanité et à la pochette (qui reprend là fameuse « plaque de Pionneer »). Ça aurait pu être bien si un scientifique avait mis ce mot sur la plaque pour exprimer l’idée qu’on a besoin d’être détruits pour être préservés. Je m’intéresse à l’eschatologie (l’étude de la fin du monde – NdA) et je pense que c’était intéressant de mettre tout ça en lien avec le disque. » Bien sûr, le côté eschatologique des titres de l’album n’est pas forcément évident au premier abord. D’ailleurs je ne le vois toujours pas, même après avoir écouté ce disque 168 fois dans divers types de situations, attentivement ou non, et ce en moins d’une semaine. Newcombe affirme qu’il y est, « moi j’y crois ».
En m’envoyant le disque, Bester m’a soutenu qu’il y entendait des clins d’œil à des titres comme Paint It Black. Si le simple fait d’insérer des instruments orientaux dans un morceau est une référence aux Stones… (En retirant la mauvaise foi de mon propos, on peut effectivement y songer en écoutant Panic in Babylon, premier titre de l’album) C’est certes cohérent, mais assez réducteur, là où on entend plutôt des références, conscientes ou non, à la face A du « Just a Poke » de Sweet Smoke (Baby Night, un morceau psychédélique avec de longues improvisations, des variations et évolutions, qui prend toute la face du disque. Environ 17 minutes au pays des flûtes et des acides, le tout emballé dans l’une des plus belles pochettes qu’il m’ait été donné de voir). Et quand on lui demande de définir sa musique, il explique : « Je pense qu’il s’agit de psychédélique, mais pas comme dans les années 60 avec ces tee-shirts et ces lunettes dingues. C’est du psychédélique en tant qu’esprit en expansion. C’est particulier à cause des acides. Je pense que ça peut être amusant, mais c’est autre chose. »
Pourquoi le ciel est bleu ?
« Who killed Sgt. Pepper ? » a été composé entre Reykjavík, Londres et Berlin. « Aufheben », seulement à Berlin. Malgré les a priori et autres interrogations existentielles que nous avions, l’Islande est un pays froid, « Who killed Sgt. Pepper ? » rend hommage à une musique que l’on qualifie usuellement de « froide ». Berlin est-elle une ville ambiant et psychédélique ? D’ailleurs, Berlin est-elle une ville ? Comment fait-il pour garder la « patte Newcombe » dans tous ses albums alors qu’il part toujours dans des expérimentations diverses ? Papa, pourquoi le ciel est bleu ?
Finalement, de l’aveu du compositeur, rien de tout cela n’entre vraiment en ligne de compte, et mis à part à New York, ça n’a que peu d’importance pour lui. « Je pense que New York est trop folle, trop de choses s’y passent, tu ne peux pas faire de bruit, si tu veux en faire il te faut une lourde isolation… Quel que soit l’espace, il peut y avoir un rapport à l’environnement, mais je ne pense pas que vivre à Berlin depuis 2007 ait affecté tant que ça « Aufheben » au niveau de l’inspiration. Ça facilite l’enregistrement de titres en français, en allemand, en finlandais, en suédois ou d’autres langues, tu vois ? Ça permet de rencontrer d’autres gens, et je trouve ça intéressant comme approche. La musique n’a pas de règles ». Au niveau de l’indépendance, sa ligne de conduite n’a pas changé non plus : « Je veux suivre ma propre voie, parce que j’aimerais voir d’autre gens faire de même. Dans le business, ça marche au succès, quel que soit le groupe, et si ils ne vendent pas assez de disques on les renvoie d’où ils viennent. C’est bizarre. Je pense que si tu prends ton propre chemin, si tu fais ton propre truc depuis longtemps, l’industrie n’aura pas le pouvoir de dire que c’est fini. »
Dans le futur, Newcombe veut composer des bandes originales pour le cinéma, à la manière classique, conventionnelle. Il déplore le manque de musique de film vraiment épique. À l’image de sa musique, ce garçon veut avant tout tenter des expériences, qu’elles soient humaines ou musicales, sachant qu’en général les deux sont liées et qualifiées d’ « art moderne abstrait avec technologie » dans l’idée d’approche de la rencontre. C’est par exemple le cas avec le morceau intitulé Seven Kinds of Wonderful dans lequel un Français nommé Thibault, qui a un groupe à Grenoble, et sa copine allemande chantent en français. C’est certes noyé dans l’écho et dans différentes strates sonores, mais c’est bien le cas. Si on devait résumer le disque, et aussi le personnage d’Anton Newcombe, on emploierait les termes d’indépendance, de rencontres, d’expérimentation. Mais surtout, après avoir rencontré cet homme nouveau, on doit oublier toute la période mise en images par DiG ! Qu’on doit désormais, face à l’attitude de ce « héros malgré lui », reléguer à un simple fantasme fait d’ « erreurs de jeunesse ». Le concert de plus de dix heures dans ce local perdu du Parti Communiste Américain pour une dizaine de personnes s’est achevé il y a plus de dix ans. La fin du monde, censée arriver cette année, ne sera finalement pas si mal avec un disque de qualité comme « Aufheben » dans les oreilles.
The Brian Jonestown Massacre // Aufheben // Differ-Ant
http://www.brianjonestownmassacre.com/
Crédit photo ouverture: Richard Bellia
-Concert&co http://www.concertandco.com/artiste/the-brian-jonestown-massacre/critique-cd-achat-vente-38039.htm
The Brian Jonestown Massacre, vos critiques de disques
The Brian Jonestown Massacre
The Brian Jonestown Massacre propose une musique rock psyché où les influences (Velvet, My Bloody Valentine, Stones, Beatles, Dylan, Byrds, Joy Division Cure) se mêlent admirablement. BJM est ébouriffant sur scène ! En tournée en 2012.
Plus d'info
Artiste : The Brian Jonestown Massacre Titre : Aufheben
Style : Pop - Rock / Psyché
Après la parution d'une compilation en 2011, The Singles Collection 1992-2011, le Brian Jonestown Massacre d'Anton Newcombe revient aux affaires le 30 avril 2012 avec un nouveau disque enregistré à Berlin, Aufheben... Toujours psychédélique en diable et magistralement barrée, cette livraison prouvant la forme actuelle de BJM s’oriente néanmoins vers des chemins plus pop et accessibles. Cela devrait permettre à un nouveau public d'embarquer dans le vaisseau spatial dirigé par Captain Newsome. Et à ceux qui avaient un peu décroché suite aux virées outrageusement déjantées des deux derniers disques - Who Killed Sgt. Pepper ? en 2010 et My Bloody Underground en 2008 - de reprendre un billet pour un tour. Car les onze titres figurant sur Aufheben, mis en boite en compagnie de Matt Hollywood, Will Carruthers, Constantine Karlis, Thibault Pesenti et Eliza Karmasalo, sont dans la lignée de ce qui a rendu BJM célèbre ; c'est du rock psyché velvetien et stonesque mâtiné de cold wave et de bidouillages étranges. De Panic in Babylon (un instrumental enlevé habité par une sorte de cornemuse) à Blue Order New Monday (joli clin d’œil à deux influences prégnantes sur un titre faisant penser à du... My Bloody Valentine, comme Clouds Are Lies... ) en passant par le très drogué Illuminomi (chanté en français), le tubesque et troublant Viholliseni Maalla (avec voix féminine hyper séduisante), le très enfumé Gaz hilarant ou une sorte de hit avec un gimmick à la Paint It Black, Stairway To The Best Party, il y a là assez de plages de décollage pour l'auditeur désireux de planer au dessus des nuages (voire en plein milieu de ceux-ci)... Avec de telles nouveautés en stock, la future tournée estivale européenne risque fort d'être encore une fois riche en moments dantesques !
A lire également, des chroniques de Brian Jonestown Massacre en live lors d'un extraordinaire concert en 2006 et d'un très bon set au Printemps de Bourges 2010.
Liens : www.facebook.com/pages/Brian-Jonestown-Massacre, www.myspace.com/brianjonestownmassacre, www.brianjonestownmassacre.com, www.differ-ant.fr, www.youtube.com (la vidéo du titre Blue Order New Monday).
30 avril 2012 (A Recordings - Differ-ant)
Signature : pierre andrieu
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Style : Pop - Rock / Psyché
Après la parution d'une compilation en 2011, The Singles Collection 1992-2011, le Brian Jonestown Massacre d'Anton Newcombe revient aux affaires le 30 avril 2012 avec un nouveau disque enregistré à Berlin, Aufheben... Toujours psychédélique en diable et magistralement barrée, cette livraison prouvant la forme actuelle de BJM s’oriente néanmoins vers des chemins plus pop et accessibles. Cela devrait permettre à un nouveau public d'embarquer dans le vaisseau spatial dirigé par Captain Newsome. Et à ceux qui avaient un peu décroché suite aux virées outrageusement déjantées des deux derniers disques - Who Killed Sgt. Pepper ? en 2010 et My Bloody Underground en 2008 - de reprendre un billet pour un tour. Car les onze titres figurant sur Aufheben, mis en boite en compagnie de Matt Hollywood, Will Carruthers, Constantine Karlis, Thibault Pesenti et Eliza Karmasalo, sont dans la lignée de ce qui a rendu BJM célèbre ; c'est du rock psyché velvetien et stonesque mâtiné de cold wave et de bidouillages étranges. De Panic in Babylon (un instrumental enlevé habité par une sorte de cornemuse) à Blue Order New Monday (joli clin d’œil à deux influences prégnantes sur un titre faisant penser à du... My Bloody Valentine, comme Clouds Are Lies... ) en passant par le très drogué Illuminomi (chanté en français), le tubesque et troublant Viholliseni Maalla (avec voix féminine hyper séduisante), le très enfumé Gaz hilarant ou une sorte de hit avec un gimmick à la Paint It Black, Stairway To The Best Party, il y a là assez de plages de décollage pour l'auditeur désireux de planer au dessus des nuages (voire en plein milieu de ceux-ci)... Avec de telles nouveautés en stock, la future tournée estivale européenne risque fort d'être encore une fois riche en moments dantesques !
A lire également, des chroniques de Brian Jonestown Massacre en live lors d'un extraordinaire concert en 2006 et d'un très bon set au Printemps de Bourges 2010.
Liens : www.facebook.com/pages/Brian-Jonestown-Massacre, www.myspace.com/brianjonestownmassacre, www.brianjonestownmassacre.com, www.differ-ant.fr, www.youtube.com (la vidéo du titre Blue Order New Monday).
30 avril 2012 (A Recordings - Differ-ant)
Signature : pierre andrieu
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Artiste : The Brian Jonestown Massacre Titre : The Singles Collection 1992-2011
Style : Pop - Rock
Toujours actifs au 21éme siècle au niveau des sorties de disques, on se souvient des barrés et inégaux Who Killed Sgt. Pepper ? (2010) et My Bloody Underground (2008), The Brian Jonestown Massacre et son leader magistralement cramé Anton Newcombe n'en continuent pas moins de capitaliser sur la nostalgie de leur succès dû au film Dig !, avec d'excellentes compilations de vieux titres, entre rock velvetien, cold wave étrange et brillant hommage stonesque. Cette fois-ci l'objet (double et idéal pour se mettre complétement en orbite !) s'intitule fort à propos The Singles Collection 1992-2011, présentant sous une belle pochette psyché... une collection des singles sortis par BJM entre 1992 et 2011. Une très bonne occasion de découvrir des plages aussi anciennes qu'imparables – comme Hide & Seek, Not If You Were The Last Dandy On Earth, When Jokers Attack, Prozac VS Heroin... - pour les incurables distraits. Et de redécouvrir une œuvre toujours aussi pertinente pour les fans ayant eu la chance (ou pas) d'assister aux grands messes scéniques époustouflantes de psychédélisme drogué du groupe américain... Cerise sur le gâteau, de bons morceaux récents - Illuminomi (en français mais aux paroles néanmoins imbitables... ) et There's A War Going On (aussi bruitiste que jouissif), viennent accréditer la thèse selon laquelle Mr Newcombe et ses hommes ne sont pas définitivement irrécupérables en 2011... Certes ils ont pris cher avec tous leurs excès, certes leurs compositions sont désormais très tortueuses, mais la flamme du rock psyché brûle encore en eux.
A lire également, des chroniques de Brian Jonestown Massacre en live lors d'un extraordinaire concert en 2006 et d'un très bon set au Printemps de Bourges 2010.
Liens : www.myspace.com/brianjonestownmassacre, www.brianjonestownmassacre.com, www.differ-ant.fr.
Septembre 2011 (Differ-ant)
Signature : pierre andrieu
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Style : Pop - Rock
Toujours actifs au 21éme siècle au niveau des sorties de disques, on se souvient des barrés et inégaux Who Killed Sgt. Pepper ? (2010) et My Bloody Underground (2008), The Brian Jonestown Massacre et son leader magistralement cramé Anton Newcombe n'en continuent pas moins de capitaliser sur la nostalgie de leur succès dû au film Dig !, avec d'excellentes compilations de vieux titres, entre rock velvetien, cold wave étrange et brillant hommage stonesque. Cette fois-ci l'objet (double et idéal pour se mettre complétement en orbite !) s'intitule fort à propos The Singles Collection 1992-2011, présentant sous une belle pochette psyché... une collection des singles sortis par BJM entre 1992 et 2011. Une très bonne occasion de découvrir des plages aussi anciennes qu'imparables – comme Hide & Seek, Not If You Were The Last Dandy On Earth, When Jokers Attack, Prozac VS Heroin... - pour les incurables distraits. Et de redécouvrir une œuvre toujours aussi pertinente pour les fans ayant eu la chance (ou pas) d'assister aux grands messes scéniques époustouflantes de psychédélisme drogué du groupe américain... Cerise sur le gâteau, de bons morceaux récents - Illuminomi (en français mais aux paroles néanmoins imbitables... ) et There's A War Going On (aussi bruitiste que jouissif), viennent accréditer la thèse selon laquelle Mr Newcombe et ses hommes ne sont pas définitivement irrécupérables en 2011... Certes ils ont pris cher avec tous leurs excès, certes leurs compositions sont désormais très tortueuses, mais la flamme du rock psyché brûle encore en eux.
A lire également, des chroniques de Brian Jonestown Massacre en live lors d'un extraordinaire concert en 2006 et d'un très bon set au Printemps de Bourges 2010.
Liens : www.myspace.com/brianjonestownmassacre, www.brianjonestownmassacre.com, www.differ-ant.fr.
Septembre 2011 (Differ-ant)
Signature : pierre andrieu
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Artiste : The Brian Jonestown Massacre Titre : Who Killed Sgt. Pepper ?
Style : Pop - Rock / RockPyschéPostPunk
Pas aussi irrécupérable qu’on ne pourrait le penser, Anton Newcombe continue à sortir des disques marquants avec The Brian Jonestown Massacre… Et le moins que l’on puisse dire c’est que le dernier en date, Who Killed Sgt. Pepper ?, a encore une fois de quoi autoriser un magistral trip pour les fans de rock psyché drogué et de post punk borderline. Toujours aussi barré mais plus accessible – le son est un peu moins bruitiste – que le précédent opus intitulé My Bloody Underground, Who Killed Sgt. Pepper ? est une œuvre admirablement malade – à écouter d’un traite puis en boucle – où toutes les fascinations de Mr Newcombe ressortent avec bonheur : Joy Division, My Bloody Valentine, Jesus And Mary Chain, Beatles, Stones et Velvet Underground… Toutefois, point de plagiat ici, notre brillant autant que déjanté songwriter passant le son de ces figures tutélaires par le filtre démoniaque de son cerveau cramé. L’air islandais et les invités présents sur cet opus semblent galvaniser le démiurge de The Brian Jonestown Massacre, qui s’autorise de surprenantes envolées space blues ténébreux (Tempo 116.7, The One, Someplace Else Unknown, Hungur Hnifur), post punk marécageux (This Is The First Of Your Last Warning et le moment de bravoure noise joydivisionesque This Is The One thing We Did Not Want To Have Happen) et groove schizophrénique (Let’s Go Fucking Mental et Feel It, qui font penser à du Primal Scream en plus maniaque). Entre deux interludes bizarres et avant l’élégiaque morceau final où John Lennon tente d’expliquer par l’intermédiaire d’un sample de sa voix pourquoi il a déclaré que les Beatles étaient plus célèbres que Jésus (en tout cas, pour nous autres pauvres pécheurs ils ont plus changé le monde que le soi disant fils de Dieu, qui n’existe sans doute pas, rappelons-le), BJM délivre de véritables perles rares dans le style rock majestueusement satanique créé pour faire danser autour d’un feu de joie et/ou décoller vers les paradis artificiels. Noyée dans un écho de larsens blasphématoires, la voix de zombie venu d’Outre tombe d’Anton Newcombe annonce de nombreuses séances de reconstitution de l’apocalypse sur la prometteuse tournée qui s’annonce… Chouette, la fin du monde tel que nous le connaissons est pour avril 2010 !
A lire également, des chroniques de Brian Jonestown Massacre en live lors d'un extraordinaire concert en 2006 et d'un très bon set au Printemps de Bourges 2010.
Sites Internet : www.myspace.com/brianjonestownmassacre, www.brianjonestownmassacre.com, www.differ-ant.fr.
2010 ("A" Recordings - Differ-ant)
Signature : pierre andrieu
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Style : Pop - Rock / RockPyschéPostPunk
Pas aussi irrécupérable qu’on ne pourrait le penser, Anton Newcombe continue à sortir des disques marquants avec The Brian Jonestown Massacre… Et le moins que l’on puisse dire c’est que le dernier en date, Who Killed Sgt. Pepper ?, a encore une fois de quoi autoriser un magistral trip pour les fans de rock psyché drogué et de post punk borderline. Toujours aussi barré mais plus accessible – le son est un peu moins bruitiste – que le précédent opus intitulé My Bloody Underground, Who Killed Sgt. Pepper ? est une œuvre admirablement malade – à écouter d’un traite puis en boucle – où toutes les fascinations de Mr Newcombe ressortent avec bonheur : Joy Division, My Bloody Valentine, Jesus And Mary Chain, Beatles, Stones et Velvet Underground… Toutefois, point de plagiat ici, notre brillant autant que déjanté songwriter passant le son de ces figures tutélaires par le filtre démoniaque de son cerveau cramé. L’air islandais et les invités présents sur cet opus semblent galvaniser le démiurge de The Brian Jonestown Massacre, qui s’autorise de surprenantes envolées space blues ténébreux (Tempo 116.7, The One, Someplace Else Unknown, Hungur Hnifur), post punk marécageux (This Is The First Of Your Last Warning et le moment de bravoure noise joydivisionesque This Is The One thing We Did Not Want To Have Happen) et groove schizophrénique (Let’s Go Fucking Mental et Feel It, qui font penser à du Primal Scream en plus maniaque). Entre deux interludes bizarres et avant l’élégiaque morceau final où John Lennon tente d’expliquer par l’intermédiaire d’un sample de sa voix pourquoi il a déclaré que les Beatles étaient plus célèbres que Jésus (en tout cas, pour nous autres pauvres pécheurs ils ont plus changé le monde que le soi disant fils de Dieu, qui n’existe sans doute pas, rappelons-le), BJM délivre de véritables perles rares dans le style rock majestueusement satanique créé pour faire danser autour d’un feu de joie et/ou décoller vers les paradis artificiels. Noyée dans un écho de larsens blasphématoires, la voix de zombie venu d’Outre tombe d’Anton Newcombe annonce de nombreuses séances de reconstitution de l’apocalypse sur la prometteuse tournée qui s’annonce… Chouette, la fin du monde tel que nous le connaissons est pour avril 2010 !
A lire également, des chroniques de Brian Jonestown Massacre en live lors d'un extraordinaire concert en 2006 et d'un très bon set au Printemps de Bourges 2010.
Sites Internet : www.myspace.com/brianjonestownmassacre, www.brianjonestownmassacre.com, www.differ-ant.fr.
2010 ("A" Recordings - Differ-ant)
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Artiste : The Brian Jonestown Massacre Titre : My Bloody Underground
Style : Pop - Rock
Attention mesdames et messieurs, le très attendu retour discographique d'Anton Newcombe avec son projet The Brian Jonestown Massacre se profile à l'horizon, et son écoute ne va pas être de tout repos ! Son cataclysmique (certains parleront d'un océan de bruit, d'autres diront que ça sature à mort), inspiration pysché/shoegazers très marquée (l'album est une ode déjantée à My Bloody Valentine), 13 morceaux sans concession aucune pour un total de 78 minutes, My Bloody Underground n'est pas un disque facile pour séduire les radios et les maisons de disques, c'est un disque 100% indépendant où le cerveau malade de Mr Newcombe laisse libre court à son infernal penchant pour l'expérimentation sonique la plus extrémiste... Les passages radios, le succès commercial, la haute fidélité, la reproduction de formules destinées à plaire aux fans, c'est pour les autres ! The Brian Jonestown Massacre vient de faire paraître un album difficile d'accès, qui révélera son côté irrémédiablement envoutant à ceux qui se donneront la peine de l'écouter de nombreuses fois, et à fort volume... Les sessions effectuées en août 2007 entre Reykjavik et Liverpool avec Mark Gardener (l'ex chanteur/guitariste de Ride, qui cosigne un bon titre, l'explosé Monkey Power) ont abouti à la création d'un opus drogué refermant des trésors cachés (Bring me the head of Paul McCartney... , Who cares why, Golden – Frost, Just like kicking Jesus, Darkwave Driver / Big Drill Car... ) entre titres dispensables (We are the niggers of the World) et odes au bruit destinées à pousser les systèmes de son dans leurs derniers retranchements (Black Hole Symphony). Sur de nombreux titres, la voix d'Anton Newcombe arrive à peine à émerger des guitares enchevêtrées, comme prise au piège dans un maelström sonore appelé de ses vœux par un groupe aux frontières du mur du son. My Bloody Underground produit des effets puissamment lysergiques sur disque, son interprétation habitée sur scène devrait donner lieu à des séances de transes collectives. Avis aux amateurs...
A lire également, des chroniques de Brian Jonestown Massacre en live lors d'un extraordinaire concert en 2006 et d'un très bon set au Printemps de Bourges 2010.
Sites Internet : www.myspace.com/brianjonestownmassacre, www.brianjonestownmassacre.com, www.differ-ant.fr.
31 mars 2008 (A Records - Differ-ant)
Signature : pierre andrieu
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Style : Pop - Rock
Attention mesdames et messieurs, le très attendu retour discographique d'Anton Newcombe avec son projet The Brian Jonestown Massacre se profile à l'horizon, et son écoute ne va pas être de tout repos ! Son cataclysmique (certains parleront d'un océan de bruit, d'autres diront que ça sature à mort), inspiration pysché/shoegazers très marquée (l'album est une ode déjantée à My Bloody Valentine), 13 morceaux sans concession aucune pour un total de 78 minutes, My Bloody Underground n'est pas un disque facile pour séduire les radios et les maisons de disques, c'est un disque 100% indépendant où le cerveau malade de Mr Newcombe laisse libre court à son infernal penchant pour l'expérimentation sonique la plus extrémiste... Les passages radios, le succès commercial, la haute fidélité, la reproduction de formules destinées à plaire aux fans, c'est pour les autres ! The Brian Jonestown Massacre vient de faire paraître un album difficile d'accès, qui révélera son côté irrémédiablement envoutant à ceux qui se donneront la peine de l'écouter de nombreuses fois, et à fort volume... Les sessions effectuées en août 2007 entre Reykjavik et Liverpool avec Mark Gardener (l'ex chanteur/guitariste de Ride, qui cosigne un bon titre, l'explosé Monkey Power) ont abouti à la création d'un opus drogué refermant des trésors cachés (Bring me the head of Paul McCartney... , Who cares why, Golden – Frost, Just like kicking Jesus, Darkwave Driver / Big Drill Car... ) entre titres dispensables (We are the niggers of the World) et odes au bruit destinées à pousser les systèmes de son dans leurs derniers retranchements (Black Hole Symphony). Sur de nombreux titres, la voix d'Anton Newcombe arrive à peine à émerger des guitares enchevêtrées, comme prise au piège dans un maelström sonore appelé de ses vœux par un groupe aux frontières du mur du son. My Bloody Underground produit des effets puissamment lysergiques sur disque, son interprétation habitée sur scène devrait donner lieu à des séances de transes collectives. Avis aux amateurs...
A lire également, des chroniques de Brian Jonestown Massacre en live lors d'un extraordinaire concert en 2006 et d'un très bon set au Printemps de Bourges 2010.
Sites Internet : www.myspace.com/brianjonestownmassacre, www.brianjonestownmassacre.com, www.differ-ant.fr.
31 mars 2008 (A Records - Differ-ant)
Signature : pierre andrieu
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Artiste : The Brian Jonestown Massacre Titre : Give It Back !
Style : Pop - Rock
Que celui-ci le veuille ou non, le groupe du très parano Anton Newcombe a été révélé au monde en 2005 par le formidable rockumentaire Dig! d'Ondi Timoner. Celui-ci suivait l'ascension des Dandy Warhols (jeu de mot naze pour un groupe de rock indé américain sans génie, mais sans prétention) face au suicide médiatico-commercial continu de The Brian Jonestown Massacre (jeu de mots encore plus naze, compression du nom de l'ex-Rolling Stone décédé dans les 60's et d'un fait divers), et de son leader, auto-proclamé génial et incompris.
Car si l'on trouve des disque des DW partout, la distribution de ceux de TBJM doit une fière chandelle au film, quand bien même celui-ci ne le montrerait, objectivement, que comme un crétin violent et junkie, un des pires beautiful losers qui parsèment l'histoire du rock. Bref ce disque, dernier né d'une discographie aussi pléthorique que confidentielle, est sorti en 2006. Un emprunt en bibliothèque donne donc l'occase de vérifier sur pièce qu'on est bien en présence d'un type de la dimension de Syd Barrett, George Harrison ou David Bowie...
Immédiatement on se rend compte que cette musique est irrémédiablement bloquée dans la période psychédélique du Summer of Love (1967), date à laquelle Anton, né quinze ans trop tard, devait pourtant encore faire dans ses couches. Car la première chanson n'a de Super-sonic que le nom : de longues plages introspectives d'un riff lent au bottleneck, répété à l'envi, comme sur pas mal de chansons (Salaam, Sue, #1 Hit Jam...). On peut certes imaginer qu'une telle musique puisse avoir un effet psychotrope, quand elle est jouée par un type qui se croit génial, ou écoutée sous l'emprise d'une drogue forte dans le désert... mais à jeun et à la maison, elle laisse songeur.
Le chant, souvent assez approximatif (Malela, Whoever you are), rappelle par son timbre celui de Pete Doherty dans ses bons jours. L'album comporte quelques titres de pop corrects (This is why you love me, Servo ou Before I'm gone, duo avec une voix féminine) qu'aurait parfois pu écrire les DW. La rigolote Not if you were the last Dandy on Earth qu'on voyait Anton enregistrer dans le film, parodie d'ailleurs ostensiblement les Dandy Warhols (refrain débile en 'pa-pa-paaa, ou-ou-ouuh')
Mais le 'génie' s'exprime aussi et surtout dans de longues expériences (censément) hypnotiques comme Sue (8'31) ou Devil May Care (Mom & Dad don't) qui s'écoutent sans déplaisir, mais alors en faisant autre chose en même temps.
L'expérience se finit sur Their satanic majesty second request (encore une référence stonienne) un long trip halluciné et pénible, qui sonne comme l'écoute d'un vinyle des 60's couvert de boue... Alors pour conclure : une démarche artistique intègre et sans compromissions, oui, un revival 60's convaincant, oui si on en ressent le besoin, mais du génie, pffff, faut pas pousser non plus. Pauvre Anton Newcombe, incompris même sur disque... Par contre, à en croire Pierre Andrieu, le trip semble très valable sur scène !
(2006)
Signature : Philippe
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Page Web Conseillée : www.dig.fr
Style : Pop - Rock
Que celui-ci le veuille ou non, le groupe du très parano Anton Newcombe a été révélé au monde en 2005 par le formidable rockumentaire Dig! d'Ondi Timoner. Celui-ci suivait l'ascension des Dandy Warhols (jeu de mot naze pour un groupe de rock indé américain sans génie, mais sans prétention) face au suicide médiatico-commercial continu de The Brian Jonestown Massacre (jeu de mots encore plus naze, compression du nom de l'ex-Rolling Stone décédé dans les 60's et d'un fait divers), et de son leader, auto-proclamé génial et incompris.
Car si l'on trouve des disque des DW partout, la distribution de ceux de TBJM doit une fière chandelle au film, quand bien même celui-ci ne le montrerait, objectivement, que comme un crétin violent et junkie, un des pires beautiful losers qui parsèment l'histoire du rock. Bref ce disque, dernier né d'une discographie aussi pléthorique que confidentielle, est sorti en 2006. Un emprunt en bibliothèque donne donc l'occase de vérifier sur pièce qu'on est bien en présence d'un type de la dimension de Syd Barrett, George Harrison ou David Bowie...
Immédiatement on se rend compte que cette musique est irrémédiablement bloquée dans la période psychédélique du Summer of Love (1967), date à laquelle Anton, né quinze ans trop tard, devait pourtant encore faire dans ses couches. Car la première chanson n'a de Super-sonic que le nom : de longues plages introspectives d'un riff lent au bottleneck, répété à l'envi, comme sur pas mal de chansons (Salaam, Sue, #1 Hit Jam...). On peut certes imaginer qu'une telle musique puisse avoir un effet psychotrope, quand elle est jouée par un type qui se croit génial, ou écoutée sous l'emprise d'une drogue forte dans le désert... mais à jeun et à la maison, elle laisse songeur.
Le chant, souvent assez approximatif (Malela, Whoever you are), rappelle par son timbre celui de Pete Doherty dans ses bons jours. L'album comporte quelques titres de pop corrects (This is why you love me, Servo ou Before I'm gone, duo avec une voix féminine) qu'aurait parfois pu écrire les DW. La rigolote Not if you were the last Dandy on Earth qu'on voyait Anton enregistrer dans le film, parodie d'ailleurs ostensiblement les Dandy Warhols (refrain débile en 'pa-pa-paaa, ou-ou-ouuh')
Mais le 'génie' s'exprime aussi et surtout dans de longues expériences (censément) hypnotiques comme Sue (8'31) ou Devil May Care (Mom & Dad don't) qui s'écoutent sans déplaisir, mais alors en faisant autre chose en même temps.
L'expérience se finit sur Their satanic majesty second request (encore une référence stonienne) un long trip halluciné et pénible, qui sonne comme l'écoute d'un vinyle des 60's couvert de boue... Alors pour conclure : une démarche artistique intègre et sans compromissions, oui, un revival 60's convaincant, oui si on en ressent le besoin, mais du génie, pffff, faut pas pousser non plus. Pauvre Anton Newcombe, incompris même sur disque... Par contre, à en croire Pierre Andrieu, le trip semble très valable sur scène !
(2006)
Signature : Philippe
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-Ground Control to Major Tom http://groundcontroltomajortom.typepad.com/blog/2012/04/brian-jonestown-massacre-aufheben.html
Brian Jonestown Massacre "Aufheben"
« Laisseriez-vous votre fille épouser un Rolling Stones ? » lança Andrew Loog Oldham lors de la sortie de Beetween The Buttons. Cette provocation pourrait très bien être appliquée à Anton Newcombe et sa bande du Brian Jonestown Massacre. Looser magnifique pour les uns, idole incontestable pour les autres, Anton Newcombe symbolise l’intégrité: il ne vendrait son âme pour rien au monde (hormis peut-être un trip acide avec Brian Jones) face à une industrie du disque dévoreuse. Cette légende a le rock tatoué dans l’épiderme et le prouve encore une fois avec Aufheben.
On ne se perdra pas à expliquer le titre
Aufheben dont la traduction française exprime plusieurs sens (soulever,
conserver, abolir, lever…). Connaissant Anton Newcombe, il a plutôt
voulu faire allusion au concept philosophique Hegelien « Aufhebung »
dont la meilleure illustration reste le titre Blue Order New Monday.
Les esprits les plus vifs auront
certainement observé l’hommage non dissimulé à New Order et leur Blue
Monday. Les eighties dansantes, influences majeures des dernières
productions depuis Who Killed Sgt Pepper (2010), sont donc toujours à l’honneur sur Aufheben.
Mais, ce treizieme album en treize ans, est aussi l’occasion pour Anton
Newcombe de revenir vers des compositions plus traditionnelles comme on
en avait déjà entendues sur Their Satanic Majesties' Second Request. Un
retour aux sources marqué par un folk psychédélique et lysergique
couplé à des sons orientalisants et des guitares byrdsiennes, offrant un
trip direct vers des sphères situées à Eight Miles High.
C’est dans un esprit de béatitude opiacée que l’on traverse les cinquante et une minutes d’Aufheben,
preuve ultime qu’Anton Newcombe n’est pas si cramé qu’il en a l’air. Si
l’un d’entre vous avait encore besoin d’une confirmation qu’Anton
Newcombe est un monument du rock américain, la preuve est là.
-Brain : itw http://www.brain-magazine.com/article/interviews/9659-Brian-Jonestown-Massacre---Lutte-contre-l_Arnaque-Planétaire
Brian Jonestown Massacre - Lutte contre l'Arnaque Planétaire
Mardi, 01 Mai 2012
Retour en 2004. Aux dernières heures du rock'n'roll et de son romantisme manichéen suranné. Avant que Keith Richards ne sorte des best-sellers autobiographiques, que Pete Doherty ne vende du Kooples et que James Murphy ne soit surpris en train de forniquer avec Damon Albarn dans un magasin Converse. Dig! révélait alors Anton Newcombe à toute une génération de kids suburbains dont les illusions pucelles et l'amour de Nirvana n'étaient pas encore annihilés par l'ultra-capitalisme postmoderne. (Je le répète, c'était avant que Dylan n'enregistre ses chansons de Noël.) Une décennie d'albums inégaux et de célébrité mal assumée plus tard, le Brian Jonestown Massacre est toujours là (leur nouvel album sort le 30 avril), mais Newcombe a changé.
L'homme que nous rencontrons dans un bar à côté du Père Lachaise est un quarantenaire tranquille aux yeux très bleus et au débit de parole impressionnant (nous sommes obligés de mettre fin à l'interview nous-mêmes). Réveillé de 20 ans de défonce, il nous parle sans inhibition de la culture européenne, nous explique le système mondial de circulation des capitaux (à faire passer Jacques Cheminade pour un expert de l'OCDE), détaille ses stratégies Internet, chie sur la progéniture des Beatles et sur les jeunes en général. Au final, nous sommes surtout contents de voir que, derrière un personnage médiatique parfois ridicule, a quand même grandi un type plutôt chic — à la fois chaleureux et aigri, égocentré et naïf, un peu paumé et souvent très drôle. Interview avec un arnaqué.
Anton Newcombe : Tu sens un peu la bière. Te penche pas trop vers moi.
J'ai dû me donner du courage. Non seulement tu es une sorte d'idole de jeunesse, mais tu as la réputation d'être quelqu'un d'assez intimidant. J'imagine que tu es au courant ?
Anton Newcombe : Tiens, dans l'avion je lisais un article sur ça dans Elle. Apparemment c'est un gros atout d'avoir une personnalité intimidante, et beaucoup l'utilisent pour parvenir à leurs fins. Il y avait aussi un article selon lequel tu ne devrais jamais rencontrer tes idoles. T'es dans la merde !
J'imagine qu'il y un niveau à partir duquel l'idolâtrie empêche le travail de journalisme sérieux. Mais je vais faire de mon mieux.
Anton Newcombe : Je charrie. L'article en question était écrit par une femme qui avait rencontré Paul McCartney dans le cadre d'une interview, il y a 40 ans. Sauf que c'était à peu près la période où John Lennon est mort, et que l'attaché de presse avait passé trois quarts d'heure à lui détailler tous les sujets qu'elle ne pourrait pas aborder pendant l'entretien ! Pas de John, pas de Beatles, blablabla, juste des questions sur le nouvel album un peu minable. Et du coup devant Paul elle s'est retrouvée complètement paralysée, incapable de lui poser une seule question. Heureusement qu'elle se rattrape dans Elle 40 ans plus tard.
Toi, tu utilises ta personnalité intimidante à ton avantage ?
Anton Newcombe : Non pas du tout. C'est pas mon style.
La dernière fois que je t'ai vu en concert avec le Brian Jonestown Massacre c'était à un festival en Espagne en 2008, et tu avais ouvert le set en criant: "C'est bon d'être de retour en France!" Les Espagnols étaient vexés, moi j'en ai conclu que la France occupe une place à part dans ton cœur.
Anton Newcombe : Ouais, j'étais sans doute bourré. Et puis j'aime bien provoquer comme ça, c'est cool. On joue à un festival dans le Pays Basque cet été et je vais imprimer des tracts où il y aura ma tête sur le corps de Rio Ferdinand, ou un autre type du Real Madrid. Ca va être hilarant ! C'est fou ce qu'on peut faire de nos jours avec Photoshop. Je suis un artiste multimédia. Et puis tout le monde voudra nous tabasser mais je serai comme, "Fuck you mec, je déteste le foot."
Tu utilises quoi d'autre comme différents médias ?
Anton Newcombe : J'utilise tout. Certaines personnes ne savent utiliser qu'un médium, moi c'est tout et n'importe quoi, genre Twitter, Facebook et autres. Sauf que je n'ai pas de téléphone portable.
Ça ne complique pas les choses ?
Anton Newcombe : Non, pas vraiment. Je ne veux pas de portable parce que sinon le gens vont commencer à vouloir me parler tout le temps. Et puis ça ne sert à rien. Tu peux regarder l'horaire de ton avion ou jouer à la marelle virtuelle. Tu peux le perdre. Ou si tu as des enfants, ça devient ton moniteur bébé permanent. Très peu pour moi.
Ton dernier album était enregistré aux quatre coins du monde et de l'Europe. Tu es allé où pour le prochain ?
Anton Newcombe : On a tout enregistré à Berlin. J'y habite depuis quelques années, même si je continue de voyager beaucoup.
D'où le titre en allemand, Aufheben. Pourquoi Berlin et l'Allemagne ?
Anton Newcombe : Je sais pas… on me dit que c'est un endroit formidable, l'idéal de la vie en ville. Ce que moi je trouve formidable c'est qu'on m'y fout la paix. Personne ne va te faire chier dans la rue, sauf peut-être pour te demander où est le U-Bahn, et là je réponds n'importe quoi parce que je prends que des taxis. Enfin ce qui est clair c'est que c'est l'opposé de la vie à New York.
Tu te sens enfin chez toi ?
Anton Newcombe : J'ai voyagé toute ma vie, et même si je cherche toujours des espaces où je me sens en sécurité, je n'ai aucune idée d'où je vais finir mes jours. Aujourd'hui j'ai choisi Berlin et je m'y suis installé parce que nous avons un studio à nous, et que quand tu veux continuer à faire de la musique c'est vraiment utile. Autrement tu paies trop cher en locations, surtout avec la manière dont je travaille.
Comment tu travailles ?
Anton Newcombe : Je vais t'expliquer comment je ne travaillerai jamais: je suis pas le genre de mec qui un jour se lève et dit, "Bam, on va aller s'acheter des nouveaux blousons en cuir et des nouvelles lunettes noires, et puis on va pomper le Jesus & Mary Chain. On n'a que 4 jours pour enregistrer et 3 jours pour mixer, et comme on sait pas faire nous-mêmes on va demander au type de Jesus & Mary Chain de venir le faire pour nous." Super plan ! Moi je suis plus dans l'inspiration du moment. Je m'assieds et je réfléchis jusqu'à-ce qu'une idée me remonte. Et ce même quand on avait un studio booké à 1000 euros la journée, je m'asseyais et tout le monde pouvait attendre. C'est comme la voile, finalement, tu dois t'en remettre à des forces extérieures pour te porter.
J'ai l'impression que tu travailles beaucoup au contact, au gré des situations et des rencontres. Ton dernier album faisait contribuer des musiciens de village islandais et Mark Gardener de Ride. A l'heure où beaucoup de groupes travaillent par email, même lorsque tout le monde habite dans la même ville, c'est un humanisme très old-school.
Anton Newcombe : Ouais, complètement.
Avec qui tu aimerais travailler aujourd'hui ?
Anton Newcombe : J'ai envie que mon prochain album soit enregistré en collaboration avec le monde du cinéma. J'ai envie de faire une vraie BO de ouf, pour un film qui serait fait avec talent, pas une production de la boîte à bouse hollywoodienne. Je veux embaucher Pierre Henry ou quelqu'un comme ça. Aujourd'hui il n'y a plus de films qui utilisent la musique comme vrai vecteur d'émotions et de sensations. Sergio Leone le faisait. Ou Spike Lee, dans Do the Right Thing: quand Public Enemy commence à jouer, tu passes à un autre niveau d'énergie et d'atmosphère. Maintenant, tout ce que t'as c'est la BO de Twilight, avec Black Rebel Motorcycle Club, Black Lips et Black Angels qui font un morceau intitulé Dark Twilight (Black Remix 2). C'est à gerber.
C'est quoi le dernier film acceptable que tu aies vu ?
Anton Newcombe : Tu sais quoi, je suis pas intéressé par le cinéma, pour la même raison que je n'écoute pas les radios commerciales. Tout est pareil, tout est complètement creux, peut-être même nocif pour ma santé.
Tu ne penses pas que certains artistes arrivent quand même à créer leur univers en marge des codes et de la standardisation capitaliste?
Anton Newcombe : Non. En tout cas pas hors d'Europe. Aux USA, on a peut-être moins tendance à acheter de la merde juste parce que le New York Times certifie que beaucoup d'autres débiles l'ont déjà achetée. Et on a peut-être moins tendance à produire des films simplement parce que l'histoire est bien et qu'on a une bonne idée de couverture pour le DVD. Mais globalement, le méga business décide de tout aujourd'hui, y compris de ce qu'on consomme. On est arrivé à un stade suprême de fascisme commercial, de totalitarisme libéral. Personne ne veut t'avancer 1000 dollars pour un album parce que tout le monde ne brasse que les millions. On te dit que tu ne peux plus prendre ta voiture pour aller camper en montagne parce que ça pollue, en même temps qu'on construit des immeubles qui sont faits pour durer moins de 10 ans. Et en attendant, tu as ce putain de Richard Branson (patron de Virgin, ndlr) qui est prêt à payer 5 millions pour se masturber en apesanteur dans la Station Spatiale Internationale. On est prêt à faire un trou supplémentaire dans l'atmosphère juste pour que Demi Moore et ce putain d'Ashton Kutcher puissent pratiquer leur yoga kabbaliste de merde dans les étoiles, et après on te dit qu'on doit diminuer le nombre de taxis. Non, sérieux, il y aura des bons films et de la bonne musique quand la Chine et les Etats-Unis seront prêts à imiter le modèle scandinave. Et on deviendra tous des Télétubbies équipés de panneaux solaires. Putain quand je pense à tout ça je me sens tellement arnaqué.
Par quoi ? Par qui ?
Anton Newcombe : Pense à toutes ces idées progressistes, à toutes ces valeurs que tes parents ont dû te communiquer s'ils sont à moitié intelligents. Tu as l'air bilingue donc tu as dû lire des livres, tu t'es sûrement intéressé à la science, enfin tu as dû regarder ces émissions scientifiques futuristes super-enthousiastes dans lesquelles on te dit que, si tu apprends bien à l'école, le monde deviendra un paradis hypermoderne et équitable. Génial ! Formidable ! Sauf que je regarde ma vie aujourd'hui, et je me dis que je me suis fait putain d'arnaquer.
C'est toi qu'on devait envoyer dans l'espace, c'est ça ?
Anton Newcombe : Ben ouais ! Et puis avec des robots serviteurs. Au moins, on devrait pouvoir vivre sous la mer.
Ta musique, c'est une manière de faire passer l'arnaque planétaire ?
Anton Newcombe : Je lutte pour créer ma propre industrie, en parallèle. J'essaie de prendre le maximum de personnes sous ma coupe. Récemment on s'est mangé du retour de bâton dans le NME parce que l'un des groupes que je soutiens n'est soi-disant qu'un ersatz de Galaxie 500 qui, sans mon nom derrière, ne mériterait aucune attention médiatique. J'ai envie de dire, fuck you, c'est un groupe qui ne réinvente rien mais qui mérite d'être écouté bien plus que toute la daube qui sort de chez Simon Cowell ! Je n'en veux pas aux journalistes, ni aux consommateurs et aux vendeurs de disques: je réalise que la place est limitée sur les étagères et dans les colonnes de magazines. Mais qu'on ne se foute pas de ma gueule. Aujourd'hui tout le monde sait qu'on sature, qu'il y a suffisamment d'entertainment produit chaque jour pour nous occuper à vie. Pourtant tu as ces méga-corporations qui poussent pour produire toujours plus, toujours plus gros. Comme Susanne Boyle. Putain de Subo, qui chante Wild Horses et tout d'un coup les Rolling Stones sortent un EP digital trois-titres sur iTunes. Donc qu'on ne me fasse pas culpabiliser de vouloir soutenir des gens que j'aime bien.
Pour une grande partie des adolescents de ma génération, tu incarnais effectivement l'idéal d'une culture et d'une attitude underground. Tu fais aussi partie des derniers groupes à avoir atteint un statut culte sans l'aide d'Internet…
Anton Newcombe : Woah mec, attends, l'Internet je l'utilisais avant tout le monde. On était les premiers à faire du streaming lors de nos concerts ! On vient de la région où tout ça a été inventé, donc on a direct utilisé cette technologie, alors que les Rolling Stones et tous ces groupes de merde qui streament leurs concerts aujourd'hui n'en avaient même pas entendu parler. Et aujourd'hui, j'ai des stratégies de fou pour atteindre l'underground global via Internet. Exemple: j'enregistre un morceau dans une langue étrangère improbable, genre le Finlandais, et hop je mets ça immédiatement sur Youtube et en peer-to-peer. Deux mois après j'ai 20 000 fans dans des pays qui ne connaissent pas le rock'n'roll. Par contre toute cette merde de Bandcamp et autres sites de partage musical, je chie dessus. Un "album" sur Bandcamp n'est pas un album, c'est un profil musical pour aller avec ta photo Facebook. Et si ton meilleur plan c'est de forcer tes amis à "Liker" tes morceaux, ou d'inonder la page Facebook de Johnny Marr pour qu'il écoute tes démos, t'as vraiment pas de plan. Ça dévalue la musique, tout ça. C'est pour cette raison que les salles de concert ne veulent plus payer autre chose qu'un salaire de DJ minable.
Tu penses que l'Internet tue le rock ?
Anton Newcombe : Non mais ce qu'il faut se demander c'est comment ça marche. On te dit, "Tiens, voila la nouvelle vidéo qui va faire du buzz et devenir virale," mais personne n'en sait rien, c'est juste du marketing qui espère créer une prophétie auto-réalisatrice. C'est aussi à cause de l'Internet que des gens peuvent prendre au sérieux l'idée du fils McCartney de créer un groupe avec les enfants des Beatles. Personne n'écoutait sa musique alors il a dû faire du buzz. Mais qu'est-ce qu'ils vont bien pouvoir accomplir ces connards ? Tout ce qu'ils ont c'est un nom de famille et un projet débile qui fait parler d'eux. Il y a déjà un groupe qui s'appelle The Autralian Beatles Psychedelic Experience ou un truc du style, et je suis certain que leur musique est meilleure que celle des enfants Beatles. Et puis tant qu'on y est, pourquoi pas multiplier les degrés de séparation ? "Tenez, voici le fils du jardinier de Ringo Starr, complètement défoncé. Mais comme il a moins de 6 degrés de séparation, il va jouer du tambourin."
Comment as-tu fait pour échapper à tout ça ?
Anton Newcombe : Je sais pas. Je pense que j'ai finalement eu de la chance que tout le monde ait été contre moi, que plein de gens m'aient poussé de côté, m'aient trahi, m'aient traité de gros junkie incapable d'aligner deux morceaux en concert. Ils sont où maintenant, tous ces groupes, qui avaient pourtant signé de gros contrats à l'époque ? C'est comme les groupes qui sont découverts sur le net aujourd'hui: au bout d'un an, ils ont disparu, tout le monde les a oubliés. Je pense aussi que ma musique est intemporelle car je n'ai jamais voulu écrire pour les jeunes. Ça c'est une tragédie, le rock pour les jeunes. Moi l'adolescence j'ai détesté, j'étais pas le genre de garçon qui regardait Fox et qui éjaculait à chaque fois qu'un aigle se transformait en avion de chasse américain dans les dessins animés. J'ai jamais suivi la mode des jeunes, et jamais été un pédophile comme Justin Bieber.
Donc tu feras jamais un album pour enfants ?
Anton Newcombe : Ah si, tiens, j'y pensais hier en marchant dans la rue. Drôle que tu me demandes ça. Ca sera un album excellent, avec des refrains imparables.
Tu vas te déguiser et incarner un personnage rigolo, comme Barney le Dinosaure ?
Anton Newcombe : Non je vais plutôt expérimenter avec l'idée d'un morceau interactif, genre libre d'accès. "Vas-y, gamin, tu peux remixer ce morceau sur ton iPad!"
Tu rigoles mais je connais au moins un enfant de 5 ans qui a un iPad.
Anton Newcombe : Mais oui, c'est l'avenir ! La nouvelle frontière. Les parents vont kiffer à mort quand ils verront des petits jouer avec mon super logiciel à base d'algorithmes musicaux. Les bébés vont remixer Bach. Et le Brian Jonestown.
On vit un bon gros revival 90's depuis quelques temps. Tu te sens concerné, toi qui as commencé à jouer en 1990 ?
Anton Newcombe : Non, parce que dès le début on a essayé de nous labelliser comme un groupe des 60's. On disait, la révolution hippie contre-culturelle est de retour ! Heureusement j'ai bien saboté ça en mettant des flingues sur les couvertures de mes albums, pour qu'ils ne puissent pas les vendre chez Best Buy et Walmart.
On a dit la même chose du mouvement "Occupy," qu'il s'agit d'une forme de retour de la contestation hippie. Tu as participé ?
Anton Newcombe : Il me paraît évident, et je pense que c'est évident pour tout le monde aujourd'hui, qu'il y a de gros, gros problèmes avec notre société capitaliste multipolaire. Personne ne peut plus rien faire sans des quantités infinies d'argent complètement virtuel. Et puis le gouvernement veut surveiller nos emails, nos comptes Facebook, qui vont bientôt devenir obligatoires à la naissance. On se fait fouiller le rectum à l'aéroport, au nom de la lutte contre le terrorisme. A chaque fois je leur dis, "La reine d'Angleterre aussi a pu être corrompue par un imam, pourquoi vous lui fouillez pas la chatte à elle ?" Les droits sociaux acquis grâce aux mouvements contestataires et syndicaux sont bradés à des compagnies milliardaires. Et pendant ce temps toutes les polices locales aux U.S. achètent des tanks et des mitraillettes pour faire face à la rébellion quand elle explosera. Je pense qu'on ne peut rien faire, qu'on doit juste laisser la société s'auto-détruire. L'hubris qui anime le système mondial finira bien par se dégonfler. Tous ces égoïstes qui accumulent de l'argent se retrouveront comme les grosses fortunes du Zimbabwe, à devoir payer 4 millions pour un rouleau de PQ. Je suis finalement assez sceptique vis-à-vis des mouvements Occupy car je pense qu'on est impuissant, et qu'au pire on se retrouve à produire des trucs comme Kony 2012, pour justifier l'impérialisme en Afrique et récupérer du pétrole. Tout est éphémère, comme la popularité de Leif Garrett. Tout ce qu'on peut faire, dans ce monde, c'est prendre soin les uns des autres, prendre soin de ses voisins, des vieux, des étrangers… Et puis voilà.
Fabien Cante.
-Autres Directions http://autresdirections.net/spip.php?article2248
brian jonestown massacre / aufheben
[a records/differ-ant]
Avec Anton Newcombe, l’auditeur ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre, entre expérimentations soniques sous l’emprise de puissants narcotiques et instantanées rock’n’roll catchy dans un état second. Le garçon est aussi talentueux qu’ingérable et on s’amuse à suivre de loin en loin ses tribulations de "redneck rocker" exilé dans un des plus bouillonnants centre culturel européen, Berlin. C’est d’ailleurs là que ce treizième (!) album, affublé d’un patronyme germanique de circonstance, a été enregistré avec l’aide d’une poignée de musiciens déjà croisés au sein d’une des multiples configurations de Brian Jonestown Massacre ou empruntés chez les figures tutélaires du genre, les Britanniques Spacemen 3 / Spiritualized. On compte aussi, comme souvent chez BJM, une invitée exotique avec la présence de la Finlandaise Elisa Karmasalo qui donne délicieusement le change à Newcombe au micro, sans qu’on parvienne à déchiffrer plus l’un que l’autre. Pour autant, si on localise une influence récurrente sur Aufheben, ce serait plutôt sur les rives du Gange. Depuis Panic In Babylon qui brasse d’entrée de jeu le cerveau jusqu’à l’insupportable Face Down On The Moon et ce satané air joué à la flute, nombre de morceaux sont saupoudrés d’un revival psychédélico-oriental. Car comme toujours avec Anton Newcombe, l’air est chargé de vapeurs qui perturbent les sens, de fumées, d’encens et de patchouli. Mais somme toute, c’est aussi pour cela que l’on apprécie Brian Jonestown Massacre et on ne boudera pas notre plaisir puisque cela faisait bien longtemps que le groupe n’avait pas livré d’aussi évidentes chansons toxiques. La fin du disque est d’ailleurs particulièrement jouissive avec ce Blue Order New Monday en forme de clin d’œil appuyé au plus grand groupe de Manchester de tous les temps.
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Aller plus loin (mots clés et articles associés) :
-Hartzine : http://www.hartzine.com/chroniques/brian-jonestown-massacre-%e2%80%93-aufheben
Brian Jonestown Massacre – Aufheben
Il est peut-être nécessaire de rappeler les faits à l’origine de la naissance de ce disque. Car Aufheben n’est pas un album du Brian Jonestown Massacre comme les autres, c’est un album de fin de vie. Comme écrit par un vieillard, ce disque semble être le testament d’Anton Newcombe qui y conjugue dedans tous ses rêves d’adolescents…. Et y délivre aussi en creux ses plus grandes psychoses.Pour les rêves jugez plutôt : l’album a été enregistré à Berlin, la ville des fantasmes et des fractures, le lieu de retraite de Lou Reed et de Bowie et cela dans le pays qui a vu éclore le plus grand groupe pop du monde. C’est donc un album peuplé de fantômes ; de vieilles amours imaginaires ondulant entre différentes époques – toutes aussi perdues, toutes aussi vaines. Mais c’est aussi un album de réconciliation qui décrit joliment les retrouvailles discographiques d’Anton avec son faux frère Matt Hollywood, génial membre fondateur du groupe ayant toujours souffert de l’égo surdimensionné du gourou de San Francisco. Encore plus émouvant peut-être, Aufheben raconte également la rencontre spirituelle et musicale d’Anton avec son faux grand frère, Will Carruthers de Spiritualized et Spacemen 3, sûrement un de ses derniers modèles vivants.
Il est cependant très étrange d’écouter encore un album du Brian Jonestown Massacre car ce groupe semble à jamais touché par le sceau de l’anachronisme. Véritablement découvert par le biais de l’un des meilleurs documentaires rock de tous les temps, Dig, le groupe avait alors déjà perdu de sa superbe. Anton était devenu adipeux et grisonnant, amorphe, et semblait surtout s’être égaré dans des expérimentations bizarres où trop d’instruments, trop de pédales et trop de drogues se mélangeaient. Ce qui était triste, c’est que la créativité du musicien ne se s’était jamais tarie mais semblait simplement toujours plus en décalage avec les désirs d’un public à la recherche d’un nouveau Take It From The Man, le chef-d’œuvre du groupe sorti des années auparavant dans l’indifférence générale. Désormais, même ce public nostalgique des premières sorties du groupe semble s’être détourné du Brian Jonestown Massacre. Célèbre et admiré comme référence ultime des années 1990, Anton Newcombe est dans l’imaginaire collectif moins considéré comme un musicien actif que comme un anti-héros tragique. Une figure de la solitude et de l’échec du génie.
Alors qu’est-ce qui change avec Aufheben ? Qu’est-ce qui fait que cet album devrait être écouté un peu plus que les autres ? Pas grand chose en fait. Il y a dans ce disque, comme dans les derniers du groupe, des choses hermétiques et à la lisière du non-sens en terme de production : des plages longues de flûtes traversières, des introductions décevantes, des phases ronflantes. Pourtant, il y a aussi quelque chose qu’il serait dommage de négliger. Il y a ce voile, cette sensation floue et glissante qui nimbe toutes les chansons. Et ce quelque chose sans nom est peut-être de l’ordre de la nostalgie ou de la résignation. Les titres de Aufheben sont langoureux, ils semblent ancrés dans un temps mortel mais tentent également avec beaucoup d’humilité de dilater ces minutes si courtes, ces secondes déjà perdues. L’album a une poésie de la durée et lorsque la mort arrive tranquillement à la fin des onze titres, cette mort a des couleurs douces et tendres.
-X Silence http://www.xsilence.net/disque-8502.htm
The Brian Jonestown Massacre
Aufheben |
Label :
A Records
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Anton Newcombe est un paradoxe. une pompe dans le passé, l'autre dans le futur.
Lui qui ne jurait que par les 60's, avec un don de mélodiste hors pair, il a fait de son Brian Jonestown Massacre autre chose qu'un énième groupe nostalgique ; une référence pour beaucoup, un modèle de créativité, surprenant tout le monde avec ses deux derniers albums en date (My Bloody Underground en 2008, Who Killed Sgt Pepper en 2010 ) malheureusement injouables sur scène.
Ce boulimique musicale crée à longueur de temps, il ne vit que pour ça. Alimentant les plateformes internet de vidéos de ses créations ( sous le doux nom d'Antonfjordson ), il inonde la toile avec ses "Berlin Sessions" depuis presque 2 ans. Des bouts de morceaux, peu masterisés, des démos cradingues, mais avec une telle fougue créatrice, que l'on attendait cet Aufheben de pied ferme, persuadé de déjà le connaître de toute façon. Avec ses titres tellement ironiques, référencés par l'histoire du rock (comme ses deux derniers albums, voire même déjà en 96, avec Their Majesties' Second Request) du genre "I Wanna Hold Your Other Hand", "Stairway To the Best Party" ou "Blue Order New Monday"... Quel traitement allait il réserver à ces démos berlinoises ? les laisser telles quelles ? Les modifier complétement ?
Étrange impression que laisse l'écoute de cet album, comme si à la fois on le connaissais déjà, mais en même temps on découvre quelque chose de complétement nouveau, comme une mue qui s'opère en quelques mois, une chenille qu'on quitterait et que l'on retrouverait en papillon. De nuit forcément.
Mysore, l'odeur de son marché se répandant à travers l'égrènement de la sitar, des oiseaux, un coq même, la douce voix finlandaise d'Eliza Karmasalo toute en reverbe sur "Viholliseni Maalia", Anton s'essaie même au français sur "Gaz Hilarant" (si, si, tendez l'oreille), lui qui confessait vouloir faire un album entier dans cette langue, en voici les prémices. Rythmique à contre temps, triple épaisseur de guitare, il est bien loin le temps des élucubrations expérimentales d' Who Killed Sgt Pepper, la pop a repris le dessus, limpide un message universel (l'artwork, copie d'un message de la civilisation terrestre aux entités de l'univers). Simplement instrumentale parfois, un drone de sitar accompagnant une flûte traversière, "Face Down To the Moon" est une des plus belles variations entre les "Berlin Sessions" & "Aufheben", dans sa première version un kick saturé couvrait presque la flute relégué au même niveau que les autres instruments, alors qu'ici elle est bien en avant, laissant la batterie se faire sourdine, omniprésente & absente à la fois, une variation sur le même thème en quelque sorte, tel un Glenn Gould reprenant Schoneberg.
Aufheben déçoit celui qui s'est gavé aux démos berlinoises. À la première écoute. Mais il s'écoute, se ressent, se réécoute, s'apprivoise, pour finalement ne plus pouvoir s'en passer ("Stairway To the Best Party" & "Waking Up To Hand Grenade en tête), avec cette fois, un petit espoir de vivre ses morceaux sur scène, et non plus une tournée best of des 90's...
Lui qui ne jurait que par les 60's, avec un don de mélodiste hors pair, il a fait de son Brian Jonestown Massacre autre chose qu'un énième groupe nostalgique ; une référence pour beaucoup, un modèle de créativité, surprenant tout le monde avec ses deux derniers albums en date (My Bloody Underground en 2008, Who Killed Sgt Pepper en 2010 ) malheureusement injouables sur scène.
Ce boulimique musicale crée à longueur de temps, il ne vit que pour ça. Alimentant les plateformes internet de vidéos de ses créations ( sous le doux nom d'Antonfjordson ), il inonde la toile avec ses "Berlin Sessions" depuis presque 2 ans. Des bouts de morceaux, peu masterisés, des démos cradingues, mais avec une telle fougue créatrice, que l'on attendait cet Aufheben de pied ferme, persuadé de déjà le connaître de toute façon. Avec ses titres tellement ironiques, référencés par l'histoire du rock (comme ses deux derniers albums, voire même déjà en 96, avec Their Majesties' Second Request) du genre "I Wanna Hold Your Other Hand", "Stairway To the Best Party" ou "Blue Order New Monday"... Quel traitement allait il réserver à ces démos berlinoises ? les laisser telles quelles ? Les modifier complétement ?
Étrange impression que laisse l'écoute de cet album, comme si à la fois on le connaissais déjà, mais en même temps on découvre quelque chose de complétement nouveau, comme une mue qui s'opère en quelques mois, une chenille qu'on quitterait et que l'on retrouverait en papillon. De nuit forcément.
Mysore, l'odeur de son marché se répandant à travers l'égrènement de la sitar, des oiseaux, un coq même, la douce voix finlandaise d'Eliza Karmasalo toute en reverbe sur "Viholliseni Maalia", Anton s'essaie même au français sur "Gaz Hilarant" (si, si, tendez l'oreille), lui qui confessait vouloir faire un album entier dans cette langue, en voici les prémices. Rythmique à contre temps, triple épaisseur de guitare, il est bien loin le temps des élucubrations expérimentales d' Who Killed Sgt Pepper, la pop a repris le dessus, limpide un message universel (l'artwork, copie d'un message de la civilisation terrestre aux entités de l'univers). Simplement instrumentale parfois, un drone de sitar accompagnant une flûte traversière, "Face Down To the Moon" est une des plus belles variations entre les "Berlin Sessions" & "Aufheben", dans sa première version un kick saturé couvrait presque la flute relégué au même niveau que les autres instruments, alors qu'ici elle est bien en avant, laissant la batterie se faire sourdine, omniprésente & absente à la fois, une variation sur le même thème en quelque sorte, tel un Glenn Gould reprenant Schoneberg.
Aufheben déçoit celui qui s'est gavé aux démos berlinoises. À la première écoute. Mais il s'écoute, se ressent, se réécoute, s'apprivoise, pour finalement ne plus pouvoir s'en passer ("Stairway To the Best Party" & "Waking Up To Hand Grenade en tête), avec cette fois, un petit espoir de vivre ses morceaux sur scène, et non plus une tournée best of des 90's...
Très bon 16/20
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par X_Lok |
-Libé Next :itw http://next.liberation.fr/musique/2012/05/03/les-gamins-de-13-ans-ecoutent-de-la-merde-on-leur-fait-aimer-ca_816072
«Les gamins de 13 ans écoutent de la merde, on leur fait aimer ça»
Rencontre avec le leader habité de The Brian Jonestown Massacre, Anton Newcombe, à l'occasion de la sortie du nouvel album.
Anton Newcombe, leader de The Brian Jonestown Massacre. - MARY MARTLEY
Le 30 avril est sorti Aufheben,
dernier né d’une longue lignée d’albums rock psyché du groupe The Brian
Jonestown Massacre. Lors de sa dernière venue à Paris, Next a
rencontré Anton Newcombe, leader-chanteur américain barré, un poil
effrayant, ex-alcoolique qui tente de retrouver une vie pseudo normale.
Café et biscuits sur la table, l’ambiance est plutôt calme. Le bonhomme, quant à lui, paraît intérieurement agité. Anton Newcombe respire fort, s’enfonce au fond du sofa, avant de se lever brutalement pour ouvrir la fenêtre, comme guidé par des voix entendues de lui seul. Il parle de cinéma, de musique ou de son amour pour Berlin et Reykyavik.
Depuis vos débuts dans les années 90 avec The Brian Jonestown Massacre, vous avez presque sorti un album par an. Vous avez un besoin irrépressible de composer?
Je suis un artiste, j’ai besoin de créer, d’inventer sans cesse de nouvelles choses. Un peu comme un photographe qui choisit ses outils, ses sujets et utilise différentes technologies ou filtres. La musique est pareille pour moi. Je joue de tous les instruments, je peux produire, je chante, je travaille sur les vidéos. J’aime l’idée de communiquer une idée, de parvenir à la transmettre.
Justement, comment composez-vous?
Cela commence avec l’écriture. Je ne suis pas un artiste pop, je n’ai jamais essayé de faire des singles. Je cherche plutôt l’idée d’une collection de chansons qui iraient bien ensemble et trouver un flow qui me corresponde.
De quoi avez-vous envie aujourd’hui?
J’adorerais écrire la BO d'un film. Pas une seule chanson, mais la totalité. Et travailler sur ce projet avec des gens que j’aime, que je respecte, qui deviendraient des amis. Ce serait vraiment super.
Les films vous inspirent-ils ?
Je ne regarde plus de films pour la même raison que je n’écoute pas la radio: c’est de la merde. Ce n’est pas fait pour moi. Aujourd’hui, quand les gens pensent «film», ils pensent à la grosse machine: le prochain Star Wars, Hunger Games ou une autre connerie du genre. La mère de mon fils a travaillé sur Trouble Everyday avec Vincent Gallo. Claire Denis est une réalisatrice incroyable. On peut ne pas aimer l’histoire ou le film, mais la réalisation est fantastique. Je respecte Lars von Trier aussi, même s’il a eu quelques problèmes ces derniers temps. Je sais qu’il n’est pas très bien vu, mais pourquoi pas faire quelque chose avec lui.
Vous parlez de nouveaux outils. Vous pensez que la nouvelle technologie ouvre de plus grandes possibilités?
Je pense aux générations en terme de technologie et d’art. Je n’ai pas encore vu cette génération utiliser le son comme Ennio Morricone l’a fait. Les gens sont lobotomisés aujourd’hui. Tout le monde a un iPhone, on donne aux gens une culture nulle, la pop est mauvaise. Les gamins de 13 ans n’ont pas le choix, on leur donne à écouter de la merde, on leur fait aimer ça. Nous vivons dans une drôle d’époque quand même. Les gens vont être obligés de travailler jusqu’à 78 ans. Vous voulez vraiment que le type qui construit le toit de votre maison ait 78 ans? Vous voudriez que le médecin qui vous opère ait 78 ans? C’est juste malsain, on ne peut pas souhaiter ça.
Comment décririez-vous votre nouvel album?
Il s’agit de musique, il faut l’écouter et non pas en parler. Une des chansons est écrite en finnois, les autres dans différentes langues, parce que ce n’est pas important. Les artistes pop croient qu’ils doivent écrire en anglais, mais ce sont des conneries. Regardez Katy Perry, elle chante du rien en anglais, donc on s’en fout. Etre musicien n’est pas un concours de popularité, je ne manipule personne pour qu’il devienne mon meilleur ami. J’essaie juste de faire un bon album.
La composition de The Brian Jonestown Massacre a beaucoup évolué au fil des années. Comment gérez-vous cela?
Le groupe est toujours le même, qu’il y ait quatre, cinq ou six personnes avec moi. Le public est parfois un peu perdu parce que le groupe ne porte pas mon nom. Mais Beck a toujours joué avec des gens très différents tout au long de sa carrière, personne ne lui a jamais rien dit. J’ai décidé de ne pas appeler mon groupe Anton, c’est tout.
Comment appréhendez-vous cette prochaine tournée?
Parfois le live est un vrai plaisir. Je me dis que nous avons de la chance de traverser des pays, de donner du plaisir aux gens. J’espère que les choses se passeront bien. Comme je ne bois plus, c’est très étrange pour moi. Je suis beaucoup plus nerveux, l’expérience est très différente. Quand je buvais, j’étais très détendu, je me sentais super confiant. Mais c’était une fausse confiance.
Aimeriez-vous enregistrer un duo avec un autre artiste?
J’aurais adoré écrire une chanson pour Charlotte Gainsbourg, mais elle n’a aucune raison de vouloir faire quelque chose avec moi puisqu’elle a déjà enregistré avec Beck. J’aime la chanson française, sa sensibilité et les combinaisons de styles qu’elle emploie. La priorité reste vraiment mon envie de composer pour un film. J’ai eu cette idée: en Scandinavie, lorsqu’un meurtre passionnel se produit, le coupable se suicide ensuite. J’ai lu ça dans les journaux. Je pourrais faire un film sur deux jours en partant de cette histoire. Ils ont vingt-quatre heures de soleil par jour l’été, c’est parfait pour étirer le temps. Et je composerais une musique super cool.
Vous vivez à Berlin et avez une passion pour l’Islande. Que vous inspirent ces deux endroits?
A Berlin, on me laisse tranquille. Dans la culture germanique, personne ne vient vous importuner au supermarché ou dans la rue et s’imposer dans votre vie. Ce n’est pas dans leur culture. Et comme je ne parle pas allemand, je ne suis donc pas pollué par les publicités. En Islande, c’est tout le contraire. Il s’agit d’un petit village où tout le monde se connaît. Les gens se sourient pour se dire bonjour, parce qu’ils savent qu’ils vont être amenés à se recroiser une heure plus tard dans le bar du coin.
Comment vous imaginez-vous dans cinq ans?
J’espère que j’aurai enfin réalisé une BO pour un super film! J’espère être heureux, ainsi que les autres autour de moi. En revanche, je crois que les problématiques resteront les mêmes. Les gens parlent de réchauffement climatique mais ils construisent des immeubles qui tiennent une génération seulement... Aux Etats-Unis, la population pense déjà à sa survie, à stocker de la nourriture. Tout le monde s’imagine que la société va sauter et qu’ils seront quelque part à l’abri avec de la bouffe et des armes.
Café et biscuits sur la table, l’ambiance est plutôt calme. Le bonhomme, quant à lui, paraît intérieurement agité. Anton Newcombe respire fort, s’enfonce au fond du sofa, avant de se lever brutalement pour ouvrir la fenêtre, comme guidé par des voix entendues de lui seul. Il parle de cinéma, de musique ou de son amour pour Berlin et Reykyavik.
Depuis vos débuts dans les années 90 avec The Brian Jonestown Massacre, vous avez presque sorti un album par an. Vous avez un besoin irrépressible de composer?
Je suis un artiste, j’ai besoin de créer, d’inventer sans cesse de nouvelles choses. Un peu comme un photographe qui choisit ses outils, ses sujets et utilise différentes technologies ou filtres. La musique est pareille pour moi. Je joue de tous les instruments, je peux produire, je chante, je travaille sur les vidéos. J’aime l’idée de communiquer une idée, de parvenir à la transmettre.
Justement, comment composez-vous?
Cela commence avec l’écriture. Je ne suis pas un artiste pop, je n’ai jamais essayé de faire des singles. Je cherche plutôt l’idée d’une collection de chansons qui iraient bien ensemble et trouver un flow qui me corresponde.
De quoi avez-vous envie aujourd’hui?
J’adorerais écrire la BO d'un film. Pas une seule chanson, mais la totalité. Et travailler sur ce projet avec des gens que j’aime, que je respecte, qui deviendraient des amis. Ce serait vraiment super.
Les films vous inspirent-ils ?
Je ne regarde plus de films pour la même raison que je n’écoute pas la radio: c’est de la merde. Ce n’est pas fait pour moi. Aujourd’hui, quand les gens pensent «film», ils pensent à la grosse machine: le prochain Star Wars, Hunger Games ou une autre connerie du genre. La mère de mon fils a travaillé sur Trouble Everyday avec Vincent Gallo. Claire Denis est une réalisatrice incroyable. On peut ne pas aimer l’histoire ou le film, mais la réalisation est fantastique. Je respecte Lars von Trier aussi, même s’il a eu quelques problèmes ces derniers temps. Je sais qu’il n’est pas très bien vu, mais pourquoi pas faire quelque chose avec lui.
Vous parlez de nouveaux outils. Vous pensez que la nouvelle technologie ouvre de plus grandes possibilités?
Je pense aux générations en terme de technologie et d’art. Je n’ai pas encore vu cette génération utiliser le son comme Ennio Morricone l’a fait. Les gens sont lobotomisés aujourd’hui. Tout le monde a un iPhone, on donne aux gens une culture nulle, la pop est mauvaise. Les gamins de 13 ans n’ont pas le choix, on leur donne à écouter de la merde, on leur fait aimer ça. Nous vivons dans une drôle d’époque quand même. Les gens vont être obligés de travailler jusqu’à 78 ans. Vous voulez vraiment que le type qui construit le toit de votre maison ait 78 ans? Vous voudriez que le médecin qui vous opère ait 78 ans? C’est juste malsain, on ne peut pas souhaiter ça.
Comment décririez-vous votre nouvel album?
Il s’agit de musique, il faut l’écouter et non pas en parler. Une des chansons est écrite en finnois, les autres dans différentes langues, parce que ce n’est pas important. Les artistes pop croient qu’ils doivent écrire en anglais, mais ce sont des conneries. Regardez Katy Perry, elle chante du rien en anglais, donc on s’en fout. Etre musicien n’est pas un concours de popularité, je ne manipule personne pour qu’il devienne mon meilleur ami. J’essaie juste de faire un bon album.
La composition de The Brian Jonestown Massacre a beaucoup évolué au fil des années. Comment gérez-vous cela?
Le groupe est toujours le même, qu’il y ait quatre, cinq ou six personnes avec moi. Le public est parfois un peu perdu parce que le groupe ne porte pas mon nom. Mais Beck a toujours joué avec des gens très différents tout au long de sa carrière, personne ne lui a jamais rien dit. J’ai décidé de ne pas appeler mon groupe Anton, c’est tout.
Comment appréhendez-vous cette prochaine tournée?
Parfois le live est un vrai plaisir. Je me dis que nous avons de la chance de traverser des pays, de donner du plaisir aux gens. J’espère que les choses se passeront bien. Comme je ne bois plus, c’est très étrange pour moi. Je suis beaucoup plus nerveux, l’expérience est très différente. Quand je buvais, j’étais très détendu, je me sentais super confiant. Mais c’était une fausse confiance.
Aimeriez-vous enregistrer un duo avec un autre artiste?
J’aurais adoré écrire une chanson pour Charlotte Gainsbourg, mais elle n’a aucune raison de vouloir faire quelque chose avec moi puisqu’elle a déjà enregistré avec Beck. J’aime la chanson française, sa sensibilité et les combinaisons de styles qu’elle emploie. La priorité reste vraiment mon envie de composer pour un film. J’ai eu cette idée: en Scandinavie, lorsqu’un meurtre passionnel se produit, le coupable se suicide ensuite. J’ai lu ça dans les journaux. Je pourrais faire un film sur deux jours en partant de cette histoire. Ils ont vingt-quatre heures de soleil par jour l’été, c’est parfait pour étirer le temps. Et je composerais une musique super cool.
Vous vivez à Berlin et avez une passion pour l’Islande. Que vous inspirent ces deux endroits?
A Berlin, on me laisse tranquille. Dans la culture germanique, personne ne vient vous importuner au supermarché ou dans la rue et s’imposer dans votre vie. Ce n’est pas dans leur culture. Et comme je ne parle pas allemand, je ne suis donc pas pollué par les publicités. En Islande, c’est tout le contraire. Il s’agit d’un petit village où tout le monde se connaît. Les gens se sourient pour se dire bonjour, parce qu’ils savent qu’ils vont être amenés à se recroiser une heure plus tard dans le bar du coin.
Comment vous imaginez-vous dans cinq ans?
J’espère que j’aurai enfin réalisé une BO pour un super film! J’espère être heureux, ainsi que les autres autour de moi. En revanche, je crois que les problématiques resteront les mêmes. Les gens parlent de réchauffement climatique mais ils construisent des immeubles qui tiennent une génération seulement... Aux Etats-Unis, la population pense déjà à sa survie, à stocker de la nourriture. Tout le monde s’imagine que la société va sauter et qu’ils seront quelque part à l’abri avec de la bouffe et des armes.
-Mowno http://www.mowno.com/disques/brian-jonestown-massacre-aufheben/
Brian Jonestown Massacre - “Aufheben”
Album(A Records)
30/04/2012
Deux ans après la sortie de “Who Killed Sgt. Pepper”, le Brian Jonestown Massacre
y va de son treizième album. Avec le temps, et quoique le principal
intéressé en dise, Anton Newcombe ne s’est jamais autant ouvert au
monde. Le berlinois d’adoption a ainsi fait appel aux services de
Constantine Karlis de Dimmer ou encore la finlandaise Eliza Karmasalo.
Loin d’enterrer le passé six pieds sous
terre, “Aufheben” synthétise les premières amours folk, psychédéliques,
et le récent attachement aux eighties. Si le corps de Newcombe défie les
lois de la nature, cette association pourrait bien s’avérer
testamentaire tant jamais la formation n’était allée aussi loin dans la
béatitude. Parfois à la limite de la niaiserie (”Illuminomi”, “Face Down
Of The Moon”), le Brian Jonestown invoque les fantômes du passé avec la
plus grande empathie. Pour autant, ces réminiscences ne sont pas toutes
pour déplaire. Après une demi-heure d’ennui confortable, les travers
vénérés du groupe refont surface avec “The Clouds Are Lies” et surtout,
“Starways To The Best Of Universe”, petit bijou psychédélique salvateur.
L’explication se cache probablement derrière le retour de Matt
Hollywood (co-fondateur de la formation, tout droit surgi des limbes
californiennes) et l’intégration de l’ex-Spacemen 3 et Spiritualized,
Will Carruthers, adulé par Newcombe himself. Quelques soubresauts plus
ou moins dispensables plus tard, “Aufheben” s’achève sur l’inévitable
“Blue Order/New Monday”, zizanie guimauve hommage à qui vous savez.
Au final, “Aufheben” laisse l’image
troublante d’un groupe définitivement adoré de par son statut de looser
éternel, capable de composer des perles qui marqueront une période de
notre vie sans pour autant laisser un souvenir impérissable. Le Brian
Jonestown Massacre a la faculté d’être plus important que ses propres
chansons. Certes, “Dig” a largement aidé dans ce sens mais jamais le
combo n’a cherché à aller à l’encontre de cette fatalité. Même
l’irritant ego d’Anton Newcombe semble avoir mis de l’eau dans son vin,
probablement usé de ses digressions stériles. Paradoxalement, si cet
album est loin d’être le meilleur, c’est peut-être celui qui révèle
enfin au groupe un semblant d’humanité, l’humilité touchante d’icône pop
qui a vécu et s’est résignée à mourir. Ironie du sort, il aura fallu
attendre le treizième. Les superstitieux sous mescaline ne croiront pas à
une coïncidence.
En écoute intégrale
-Les Inrocks / photo Montfourny http://blogs.lesinrocks.com/photos/2012/05/03/the-brian-jonestown-massacre-2/
Retour sur le devant de la scène pour Anton Newcombe, âme torturée et incarnation de son concept The Brian Jonestown Massacre. 13ème album studio nous dit-on et retour à une écriture pop. Ce qui veut dire pop et psyché en fait ! Simplement Aufheben enregistré principalement en Allemagne où il réside actuellement échappe aux expérimentations tortueuses auxquelles il nous avait confronté. Le disque se termine par un log et malicieux Blue Order/New Monday. Et, du coup, la France a droit à une tournée qui débute le 6 juin à Rennes et se termine par Clermont Le 4 juillet et Paris le 5.
-Coup d’Oreille : itw http://www.coupdoreille.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=249:anton-newcomben-lnje-ne-veux-pas-faire-partie-de-tout-ce-bordelnr&catid=2:blah-blah&Itemid=3
Anton Newcombe : « Je ne veux pas faire partie de tout ce bordel »
roupe
mythique de ces quinze dernières années et locomotive d'un rock
psychédélique moderne, le Brian Jonestown Massacre s'apprête à livrer Aufheben,
un disque à l'image de son leader Anton Newcombe : décousu, cramé mais
souvent génial. L'occasion rêvée d'explorer les neurones broussailleuses
d'un musicien enragé.
|
Quelles sont les inspirations d'Aufheben ?
En fait, ça m’amusait beaucoup de sortir un disque pour 2012 afin d’en faire une sorte de BO de la fin du monde.
Que veut dire le mot “Aufheben” ?
En gros, c'est le concept de détruire dans le but d'aller de l'avant.
Même si le titre de ton album est en allemand, les premières versions diffusées sur internet de morceaux comme Clouds Are Lies ou Illuminomi étaient chantées en français. Pourquoi as-tu finalement choisi de les traduire en anglais pour ton disque ?
À
un moment, j’avais décidé de faire un disque dans plusieurs langues
différentes. Je voulais montrer aux français qu’il doivent essayer
d’écrire leurs morceaux en français et ne pas tomber dans une
perspective anglaise un peu unilatérale. C'était une sorte de conseil
que je donnais à mes fans français, canadiens ou même belges.
Depuis tes débuts, il y a une part importante de mysticisme dans ta musique...
Oui, beaucoup, et c’est la raison pour laquelle j’aime prétendre que je suis Dieu jouant Hide and Seek si bien que j’en oublie que je suis Dieu.
Pourquoi as-tu quitté la Californie pour Berlin ?
J'habitais
à New York et j'entendais tout le temps dire que si on arrive à s'en
sortir là-bas, on peut s'en sortir n'importe où. J'ai repensé à ça et
j'ai suivi le conseil. Sous prétexte de guerre contre le terrorisme, les
hommes du gouvernement se prennent pour des nazis, ils s'infiltrent
dans tes affaires et te remplissent la tête d'une peur qui n'a pas lieu
d'être. C'est stupide. Les lois qui sont votées se foutent pas mal du
terrorisme, elles ont d'autres buts... Je sais que l’Allemagne est le
dernier endroit au monde où le gouvernement et la police peuvent agir
comme des nazis étant donné le traumatisme historique qu'a vécu ce pays.
Alors qu'aux États-Unis, ça pue le fascisme corporatiste et l'élitisme
des nouveaux riches. Je ne veux pas
faire partie de tout ce bordel. Au moins à Berlin, je me sens en
sécurité et libre de faire ce que je veux. J'adore ça.
Le
Brian Jonestown Massacre a toujours été un groupe très indépendant,
quelle est ton opinion sur le business de la musique aujourd'hui ?
Je
pense que le business sous toutes ses formes nous a échappé des mains
et qu'il est maintenant temps pour nous de changer radicalement les
choses. Dans les années 60, un boss gagnait 20 fois le salaire d'un
employé. Maintenant c'est 1000 fois ou plus. J'en ai vraiment ras le bol
de l'exploitation des gens. J'emmerde cette relation de maître à
esclave. Que ce soit dans les banques ou dans le business de la musique,
ces enflures ont leurs propres règles et changent les lois pour pouvoir
faire tout ce qu'ils veulent. J'aimerais que les gens soient honnêtes
entre eux. Il n'y a pas que l'argent dans la vie.
La France va bientôt élire son prochain président. Que penses-tu de la politique en Europe ?
Je
préfère la France quand elle se bat pour une perspective française
plutôt que lorsqu'elle veut défendre une perspective globale imaginaire.
Sarkozy utilisait un rehausseur pour avoir l'air moins petit pendant
ses discours au États-Unis et les gens ne parlaient que de ça. Depuis
quand la taille est plus importante que ce que l'on dit ? Je pense que
le pouvoir en place flirte avec sa propre destruction sur plusieurs
niveaux. Nous avons vraiment besoin de meilleurs gouvernements dès
maintenant. La démocratie est une notion antique et j'ai l'impression
que personne n'en a vraiment quelque chose à faire. D'ailleurs, je crois
tellement au rêve américain que je vis à Berlin, que dire d'autre ?
Es-tu
toujours en contact avec des anciens musiciens du Brian Jonestown
Massacre comme par exemple Bobby Hecksher (The Warlocks) ou Peter Hayes
(Black Rebel Motorcycle Club) ?
Je
parle toujours à Bobby de temps en temps mais moins à Peter. Rien de
personnel mais il passe beaucoup de temps à être une rock star alors que
moi je suis contre tout ça. En gros, je cherche à détruire ce qu'il
essaie d'être.
Tu as toujours beaucoup de projets. Quel est le prochain ?
J'aimerais
écrire la BO d'un film français...ou de n'importe quel film tant qu'il
est bien. Hollywood ne travaille pas dans le business des films mais
plutôt dans celui des billions de dollars donc ce qui est sûr, c'est que
ce ne sera pas pour eux. Je ne veux pas faire du placement de chanson,
je veux faire d'un bon film un film encore mieux.
Il y a beaucoup de jeunes groupes qui ont grandi en écoutant le Brian Jonestown Massacre, tu veux leur dire quelque chose ?
Bossez
dur sur votre propre musique et n’hésitez pas à assumer à fond ce que
vous faites. J’espère que vous réussirez et qu’un de ces jours je
pourrais écouter votre musique. Créez le genre d’environnement dans
lequel vous voudriez vivre. Il ne suffit pas juste de réagir aux choses
que vous n'aimez pas. Il faut être hyperactif pour prendre part aux
choses que vous aimez.
Propos recueillis par Simon Clair
BRIAN JONESTOWN MASSACRE
Aufheben
(A Records / Differ-ant)
www.brianjonestownmassacre.comjason plucky / anton newcombe may 3 2012 aufheben listening party portland oregon
Love the new album, cool to see you Anton and meet sweet Katy...look forward to the show Friday...Lorr's Love-In
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