Monday, June 18, 2012


This is Dan,He plays drums.

PRESS / FRANCE?



 
 
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Nouvel album et une tournée française pour The Brian Jonestown Massacre

The Brian Joneston Massacre - aufhebenC’est le 30 avril que sortira Aufheben (A Records / Differ-ant Distribution), le treizième album de The Brian Jonestown Massacre. ce disque a été enregistré entre le studio d’Anton Newcombe et le Studio East à Berlin.
Pour travailler sur ce projet Newcombe s’est entouré de Matt Hollywood (qui avait quitté le groupe en 2001 avant de le retrouver 10 ans plus tard), de Will Carruthers (Spacemen 3 et Spiritualized) , de Constantine Karlis (Dimmer), de Thibault Pesenti (Rockcandys) et de Eliza Karmasalo, une chanteuse Finlandaise.

La tracklist :
01 – Panic In Babylon
02 – Viholliseni Maalla
03 – Gaz Hilarant
04 – Illuminomi
05 – I Wanna Hold Your Other Hand
06 – Face Down On The Moon
07 – Clouds Are Lies
08 – Stairway To The Best Party
09 – Seven Kinds Of Wonderful
10 – Waking Up To Hand Grenades
11 – Blue Order New Monday
Un extrait, I Wanna Hold Your Other Hand
The Brian Jonestown Massacre sera en tournée française entre le 16 juin et le 04 juillet 2012. Toutes les dates sont dans l’agenda.


anton 6Anton Newcombe : « Je ne veux pas faire partie de tout ce bordel »

Lettre G
roupe mythique de ces quinze dernières années et locomotive d'un rock psychédélique moderne, le Brian Jonestown Massacre s'apprête à livrer Aufheben, un disque à l'image de son leader Anton Newcombe : décousu, cramé mais souvent génial. L'occasion rêvée d'explorer les neurones broussailleuses d'un musicien enragé.



Quelles sont les inspirations d'Aufheben ?
En fait, ça m’amusait beaucoup de sortir un disque pour 2012 afin d’en faire une sorte de BO de la fin du monde.

Que veut dire le mot “Aufheben” ?
En gros, c'est le concept de détruire dans le but d'aller de l'avant.

Même si le titre de ton album est en allemand, les premières versions diffusées sur internet de morceaux comme Clouds Are Lies ou Illuminomi étaient chantées en français. Pourquoi as-tu finalement choisi de les traduire en anglais pour ton disque ?
À un moment, j’avais décidé de faire un disque dans plusieurs langues différentes. Je voulais montrer aux français qu’il doivent essayer d’écrire leurs morceaux en français et ne pas tomber dans une perspective anglaise un peu unilatérale. C'était une sorte de conseil que je donnais à mes fans français, canadiens ou même belges.

Depuis tes débuts, il y a une part importante de mysticisme dans ta musique...
Oui, beaucoup, et c’est la raison pour laquelle j’aime prétendre que je suis Dieu jouant Hide and Seek si bien que j’en oublie que je suis Dieu.

bjm 13

Pourquoi as-tu quitté la Californie pour Berlin ?
J'habitais à New York et j'entendais tout le temps dire que si on arrive à s'en sortir là-bas, on peut s'en sortir n'importe où. J'ai repensé à ça et j'ai suivi le conseil. Sous prétexte de guerre contre le terrorisme, les hommes du gouvernement se prennent pour des nazis, ils s'infiltrent dans tes affaires et te remplissent la tête d'une peur qui n'a pas lieu d'être. C'est stupide. Les lois qui sont votées se foutent pas mal du terrorisme, elles ont d'autres buts... Je sais que l’Allemagne est le dernier endroit au monde où le gouvernement et la police peuvent agir comme des nazis étant donné le traumatisme historique qu'a vécu ce pays. Alors qu'aux États-Unis, ça pue le fascisme corporatiste et l'élitisme des nouveaux riches. Je ne veux pas faire partie de tout ce bordel. Au moins à Berlin, je me sens en sécurité et libre de faire ce que je veux. J'adore ça.

Le Brian Jonestown Massacre a toujours été un groupe très indépendant, quelle est ton opinion sur le business de la musique aujourd'hui ?
Je pense que le business sous toutes ses formes nous a échappé des mains et qu'il est maintenant temps pour nous de changer radicalement les choses. Dans les années 60, un boss gagnait 20 fois le salaire d'un employé. Maintenant c'est 1000 fois ou plus. J'en ai vraiment ras le bol de l'exploitation des gens. J'emmerde cette relation de maître à esclave. Que ce soit dans les banques ou dans le business de la musique, ces enflures ont leurs propres règles et changent les lois pour pouvoir faire tout ce qu'ils veulent. J'aimerais que les gens soient honnêtes entre eux. Il n'y a pas que l'argent dans la vie.

La France va bientôt élire son prochain président. Que penses-tu de la politique en Europe ?
Je préfère la France quand elle se bat pour une perspective française plutôt que lorsqu'elle veut défendre une perspective globale imaginaire. Sarkozy utilisait un rehausseur pour avoir l'air moins petit pendant ses discours au États-Unis et les gens ne parlaient que de ça. Depuis quand la taille est plus importante que ce que l'on dit ? Je pense que le pouvoir en place flirte avec sa propre destruction sur plusieurs niveaux. Nous avons vraiment besoin de meilleurs gouvernements dès maintenant. La démocratie est une notion antique et j'ai l'impression que personne n'en a vraiment quelque chose à faire. D'ailleurs, je crois tellement au rêve américain que je vis à Berlin, que dire d'autre ?


Es-tu toujours en contact avec des anciens musiciens du Brian Jonestown Massacre comme par exemple Bobby Hecksher (The Warlocks) ou Peter Hayes (Black Rebel Motorcycle Club) ?
Je parle toujours à Bobby de temps en temps mais moins à Peter. Rien de personnel mais il passe beaucoup de temps à être une rock star alors que moi je suis contre tout ça. En gros, je cherche à détruire ce qu'il essaie d'être.

Tu as toujours beaucoup de projets. Quel est le prochain ?
J'aimerais écrire la BO d'un film français...ou de n'importe quel film tant qu'il est bien. Hollywood ne travaille pas dans le business des films mais plutôt dans celui des billions de dollars donc ce qui est sûr, c'est que ce ne sera pas pour eux. Je ne veux pas faire du placement de chanson, je veux faire d'un bon film un film encore mieux.

Il y a beaucoup de jeunes groupes qui ont grandi en écoutant le Brian Jonestown Massacre, tu veux leur dire quelque chose ?
Bossez dur sur votre propre musique et n’hésitez pas à assumer à fond ce que vous faites. J’espère que vous réussirez et qu’un de ces jours je pourrais écouter votre musique. Créez le genre d’environnement dans lequel vous voudriez vivre. Il ne suffit pas juste de réagir aux choses que vous n'aimez pas. Il faut être hyperactif pour prendre part aux choses que vous aimez.

Propos recueillis par Simon Clair

BRIAN JONESTOWN MASSACRE
Aufheben
(A Records / Differ-ant)
 www.brianjonestownmassacre.com

The brian jonestown massacre 3-5-2012

Retour sur le devant de la scène pour Anton Newcombe, âme torturée et incarnation de son concept The Brian Jonestown Massacre. 13ème album studio nous dit-on et retour à une écriture pop. Ce qui veut dire pop et psyché en fait ! Simplement Aufheben enregistré principalement en Allemagne où il réside actuellement échappe aux expérimentations tortueuses auxquelles il nous avait confronté. Le disque se termine par un log et malicieux Blue Order/New Monday. Et, du coup, la France a droit à une tournée qui débute le 6 juin à Rennes et se termine par Clermont Le 4 juillet et Paris le 5.


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Interview | 3 mai 2012

«Les gamins de 13 ans écoutent de la merde, on leur fait aimer ça»

Par TIPHAINE LÉVY-FRÉBAULT
Rencontre avec le leader habité de The Brian Jonestown Massacre, Anton Newcombe, à l'occasion de la sortie du nouvel album.

Anton Newcombe, leader de The Brian Jonestown Massacre. - MARY MARTLEY
Le 30 avril est sorti Aufheben, dernier né d’une longue lignée d’albums rock psyché du groupe The Brian Jonestown Massacre. Lors de sa dernière venue à Paris, Next a rencontré Anton Newcombe, leader-chanteur américain barré, un poil effrayant, ex-alcoolique qui tente de retrouver une vie pseudo normale.
Café et biscuits sur la table, l’ambiance est plutôt calme. Le bonhomme, quant à lui, paraît intérieurement agité. Anton Newcombe respire fort, s’enfonce au fond du sofa, avant de se lever brutalement pour ouvrir la fenêtre, comme guidé par des voix entendues de lui seul. Il parle de cinéma, de musique ou de son amour pour Berlin et Reykyavik.
Depuis vos débuts dans les années 90 avec The Brian Jonestown Massacre, vous avez presque sorti un album par an. Vous avez un besoin irrépressible de composer?
Je suis un artiste, j’ai besoin de créer, d’inventer sans cesse de nouvelles choses. Un peu comme un photographe qui choisit ses outils, ses sujets et utilise différentes technologies ou filtres. La musique est pareille pour moi. Je joue de tous les instruments, je peux produire, je chante, je travaille sur les vidéos. J’aime l’idée de communiquer une idée, de parvenir à la transmettre.
Justement, comment composez-vous?
Cela commence avec l’écriture. Je ne suis pas un artiste pop, je n’ai jamais essayé de faire des singles. Je cherche plutôt l’idée d’une collection de chansons qui iraient bien ensemble et trouver un flow qui me corresponde.
De quoi avez-vous envie aujourd’hui?
J’adorerais écrire la BO d'un film. Pas une seule chanson, mais la totalité. Et travailler sur ce projet avec des gens que j’aime, que je respecte, qui deviendraient des amis. Ce serait vraiment super.
Les films vous inspirent-ils ?
Je ne regarde plus de films pour la même raison que je n’écoute pas la radio: c’est de la merde. Ce n’est pas fait pour moi. Aujourd’hui, quand les gens pensent «film», ils pensent à la grosse machine: le prochain Star Wars, Hunger Games ou une autre connerie du genre. La mère de mon fils a travaillé sur Trouble Everyday avec Vincent Gallo. Claire Denis est une réalisatrice incroyable. On peut ne pas aimer l’histoire ou le film, mais la réalisation est fantastique. Je respecte Lars von Trier aussi, même s’il a eu quelques problèmes ces derniers temps. Je sais qu’il n’est pas très bien vu, mais pourquoi pas faire quelque chose avec lui.
Vous parlez de nouveaux outils. Vous pensez que la nouvelle technologie ouvre de plus grandes possibilités?
Je pense aux générations en terme de technologie et d’art. Je n’ai pas encore vu cette génération utiliser le son comme Ennio Morricone l’a fait. Les gens sont lobotomisés aujourd’hui. Tout le monde a un iPhone, on donne aux gens une culture nulle, la pop est mauvaise. Les gamins de 13 ans n’ont pas le choix, on leur donne à écouter de la merde, on leur fait aimer ça. Nous vivons dans une drôle d’époque quand même. Les gens vont être obligés de travailler jusqu’à 78 ans. Vous voulez vraiment que le type qui construit le toit de votre maison ait 78 ans? Vous voudriez que le médecin qui vous opère ait 78 ans? C’est juste malsain, on ne peut pas souhaiter ça.
Comment décririez-vous votre nouvel album?
Il s’agit de musique, il faut l’écouter et non pas en parler. Une des chansons est écrite en finnois, les autres dans différentes langues, parce que ce n’est pas important. Les artistes pop croient qu’ils doivent écrire en anglais, mais ce sont des conneries. Regardez Katy Perry, elle chante du rien en anglais, donc on s’en fout. Etre musicien n’est pas un concours de popularité, je ne manipule personne pour qu’il devienne mon meilleur ami. J’essaie juste de faire un bon album.
La composition de The Brian Jonestown Massacre a beaucoup évolué au fil des années. Comment gérez-vous cela?
Le groupe est toujours le même, qu’il y ait quatre, cinq ou six personnes avec moi. Le public est parfois un peu perdu parce que le groupe ne porte pas mon nom. Mais Beck a toujours joué avec des gens très différents tout au long de sa carrière, personne ne lui a jamais rien dit. J’ai décidé de ne pas appeler mon groupe Anton, c’est tout.
Comment appréhendez-vous cette prochaine tournée?
Parfois le live est un vrai plaisir. Je me dis que nous avons de la chance de traverser des pays, de donner du plaisir aux gens. J’espère que les choses se passeront bien. Comme je ne bois plus, c’est très étrange pour moi. Je suis beaucoup plus nerveux, l’expérience est très différente. Quand je buvais, j’étais très détendu, je me sentais super confiant. Mais c’était une fausse confiance.
Aimeriez-vous enregistrer un duo avec un autre artiste?
J’aurais adoré écrire une chanson pour Charlotte Gainsbourg, mais elle n’a aucune raison de vouloir faire quelque chose avec moi puisqu’elle a déjà enregistré avec Beck. J’aime la chanson française, sa sensibilité et les combinaisons de styles qu’elle emploie. La priorité reste vraiment mon envie de composer pour un film. J’ai eu cette idée: en Scandinavie, lorsqu’un meurtre passionnel se produit, le coupable se suicide ensuite. J’ai lu ça dans les journaux. Je pourrais faire un film sur deux jours en partant de cette histoire. Ils ont vingt-quatre heures de soleil par jour l’été, c’est parfait pour étirer le temps. Et je composerais une musique super cool.
Vous vivez à Berlin et avez une passion pour l’Islande. Que vous inspirent ces deux endroits?
A Berlin, on me laisse tranquille. Dans la culture germanique, personne ne vient vous importuner au supermarché ou dans la rue et s’imposer dans votre vie. Ce n’est pas dans leur culture. Et comme je ne parle pas allemand, je ne suis donc pas pollué par les publicités. En Islande, c’est tout le contraire. Il s’agit d’un petit village où tout le monde se connaît. Les gens se sourient pour se dire bonjour, parce qu’ils savent qu’ils vont être amenés à se recroiser une heure plus tard dans le bar du coin.
Comment vous imaginez-vous dans cinq ans?
J’espère que j’aurai enfin réalisé une BO pour un super film! J’espère être heureux, ainsi que les autres autour de moi. En revanche, je crois que les problématiques resteront les mêmes. Les gens parlent de réchauffement climatique mais ils construisent des immeubles qui tiennent une génération seulement... Aux Etats-Unis, la population pense déjà à sa survie, à stocker de la nourriture. Tout le monde s’imagine que la société va sauter et qu’ils seront quelque part à l’abri avec de la bouffe et des armes.
The Brian Jonestown Massacre CD: Aufheben (Diffe-rant)



The Brian Jonestown Massacre


Aufheben


Aufheben







 Label :     A
 Sortie :    lundi 30 avril 2012
 Format :  Album / CD  Vinyle   








Anton Newcombe est un paradoxe. une pompe dans le passé, l'autre dans le futur.
Lui qui ne jurait que par les 60's, avec un don de mélodiste hors pair, il a fait de son Brian Jonestown Massacre autre chose qu'un énième groupe nostalgique ; une référence pour beaucoup, un modèle de créativité, surprenant tout le monde avec ses deux derniers albums en date (My Bloody Underground en 2008, Who Killed Sgt Pepper en 2010 ) malheureusement injouables sur scène.
Ce boulimique musicale crée à longueur de temps, il ne vit que pour ça. Alimentant les plateformes internet de vidéos de ses créations ( sous le doux nom d'Antonfjordson ), il inonde la toile avec ses "Berlin Sessions" depuis presque 2 ans. Des bouts de morceaux, peu masterisés, des démos cradingues, mais avec une telle fougue créatrice, que l'on attendait cet Aufheben de pied ferme, persuadé de déjà le connaître de toute façon. Avec ses titres tellement ironiques, référencés par l'histoire du rock (comme ses deux derniers albums, voire même déjà en 96, avec Their Majesties' Second Request) du genre "I Wanna Hold Your Other Hand", "Stairway To the Best Party" ou "Blue Order New Monday"... Quel traitement allait il réserver à ces démos berlinoises ? les laisser telles quelles ? Les modifier complétement ?
Étrange impression que laisse l'écoute de cet album, comme si à la fois on le connaissais déjà, mais en même temps on découvre quelque chose de complétement nouveau, comme une mue qui s'opère en quelques mois, une chenille qu'on quitterait et que l'on retrouverait en papillon. De nuit forcément.
Mysore, l'odeur de son marché se répandant à travers l'égrènement de la sitar, des oiseaux, un coq même, la douce voix finlandaise d'Eliza Karmasalo toute en reverbe sur "Viholliseni Maalia", Anton s'essaie même au français sur "Gaz Hilarant" (si, si, tendez l'oreille), lui qui confessait vouloir faire un album entier dans cette langue, en voici les prémices. Rythmique à contre temps, triple épaisseur de guitare, il est bien loin le temps des élucubrations expérimentales d' Who Killed Sgt Pepper, la pop a repris le dessus, limpide un message universel (l'artwork, copie d'un message de la civilisation terrestre aux entités de l'univers). Simplement instrumentale parfois, un drone de sitar accompagnant une flûte traversière, "Face Down To the Moon" est une des plus belles variations entre les "Berlin Sessions" & "Aufheben", dans sa première version un kick saturé couvrait presque la flute relégué au même niveau que les autres instruments, alors qu'ici elle est bien en avant, laissant la batterie se faire sourdine, omniprésente & absente à la fois, une variation sur le même thème en quelque sorte, tel un Glenn Gould reprenant Schoneberg.

Aufheben déçoit celui qui s'est gavé aux démos berlinoises. À la première écoute. Mais il s'écoute, se ressent, se réécoute, s'apprivoise, pour finalement ne plus pouvoir s'en passer ("Stairway To the Best Party" & "Waking Up To Hand Grenade en tête), avec cette fois, un petit espoir de vivre ses morceaux sur scène, et non plus une tournée best of des 90's...


Très bon   16/20
par X_Lok

Brian Jonestown Massacre – Aufheben

Il est peut-être nécessaire de rappeler les faits à l’origine de la naissance de ce disque. Car Aufheben n’est pas un album du Brian Jonestown Massacre comme les autres, c’est un album de fin de vie. Comme écrit par un vieillard, ce disque semble être le testament d’Anton Newcombe qui y conjugue dedans tous ses rêves d’adolescents…. Et y délivre aussi en creux ses plus grandes psychoses.
Pour les rêves jugez plutôt : l’album a été enregistré à Berlin, la ville des fantasmes et des fractures, le lieu de retraite de Lou Reed et de Bowie et cela dans le pays qui a vu éclore le plus grand groupe pop du monde. C’est donc un album peuplé de fantômes ; de vieilles amours imaginaires ondulant entre différentes époques – toutes aussi perdues, toutes aussi vaines. Mais c’est aussi un album de réconciliation qui décrit joliment les retrouvailles discographiques d’Anton avec son faux frère Matt Hollywood, génial membre fondateur du groupe ayant toujours souffert de l’égo surdimensionné du gourou de San Francisco. Encore plus émouvant peut-être, Aufheben raconte également la rencontre spirituelle et musicale d’Anton avec son faux grand frère, Will Carruthers de Spiritualized et Spacemen 3, sûrement un de ses derniers modèles vivants.

Il est cependant très étrange d’écouter encore un album du Brian Jonestown Massacre car ce groupe semble à jamais touché par le sceau de l’anachronisme. Véritablement découvert par le biais de l’un des meilleurs documentaires rock de tous les temps, Dig, le groupe avait alors déjà perdu de sa superbe. Anton était devenu adipeux et grisonnant, amorphe, et semblait surtout s’être égaré dans des expérimentations bizarres où trop d’instruments, trop de pédales et trop de drogues se mélangeaient. Ce qui était triste, c’est que la créativité du musicien ne se s’était jamais tarie mais semblait simplement toujours plus en décalage avec les désirs d’un public à la recherche d’un nouveau Take It From The Man, le chef-d’œuvre du groupe sorti des années auparavant dans l’indifférence générale. Désormais, même ce public nostalgique des premières sorties du groupe semble s’être détourné du Brian Jonestown Massacre. Célèbre et admiré comme référence ultime des années 1990, Anton Newcombe est dans l’imaginaire collectif moins considéré comme un musicien actif que comme un anti-héros tragique. Une figure de la solitude et de l’échec du génie.
Alors qu’est-ce qui change avec Aufheben ? Qu’est-ce qui fait que cet album devrait être écouté un peu plus que les autres ? Pas grand chose en fait. Il y a dans ce disque, comme dans les derniers du groupe, des choses hermétiques et à la lisière du non-sens en terme de production : des plages longues de flûtes traversières, des introductions décevantes, des phases ronflantes. Pourtant, il y a aussi quelque chose qu’il serait dommage de négliger. Il y a ce voile, cette sensation floue et glissante qui nimbe toutes les chansons. Et ce quelque chose sans nom est peut-être de l’ordre de la nostalgie ou de la résignation. Les titres de Aufheben sont langoureux, ils semblent ancrés dans un temps mortel mais tentent également avec beaucoup d’humilité de dilater ces minutes si courtes, ces secondes déjà perdues. L’album a une poésie de la durée et lorsque la mort arrive tranquillement à la fin des onze titres, cette mort a des couleurs douces et tendres.

Vidéo

 

Tracklist

Brian Jonestown Massacre – Aufheben (Cargo Records, 2012)
01. Panic In Babylon
02. Viholliseni Maalla
03. Gaz Hilarant
04. Illuminomi
05. I Wanna To Hold Your Other Hand
06. Face Down On The Moon
07. Clouds Are Lies
08. Stairway To The Best Party
09. Seven Kinds Of Wonderful
10. Waking Up To Hand Grenades
11. Blue Order New Monday

brian jonestown massacre / aufheben

[a records/differ-ant]
vendredi 27 avril 2012, par denis

Avec Anton Newcombe, l’auditeur ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre, entre expérimentations soniques sous l’emprise de puissants narcotiques et instantanées rock’n’roll catchy dans un état second. Le garçon est aussi talentueux qu’ingérable et on s’amuse à suivre de loin en loin ses tribulations de "redneck rocker" exilé dans un des plus bouillonnants centre culturel européen, Berlin. C’est d’ailleurs là que ce treizième (!) album, affublé d’un patronyme germanique de circonstance, a été enregistré avec l’aide d’une poignée de musiciens déjà croisés au sein d’une des multiples configurations de Brian Jonestown Massacre ou empruntés chez les figures tutélaires du genre, les Britanniques Spacemen 3 / Spiritualized. On compte aussi, comme souvent chez BJM, une invitée exotique avec la présence de la Finlandaise Elisa Karmasalo qui donne délicieusement le change à Newcombe au micro, sans qu’on parvienne à déchiffrer plus l’un que l’autre. Pour autant, si on localise une influence récurrente sur Aufheben, ce serait plutôt sur les rives du Gange. Depuis Panic In Babylon qui brasse d’entrée de jeu le cerveau jusqu’à l’insupportable Face Down On The Moon et ce satané air joué à la flute, nombre de morceaux sont saupoudrés d’un revival psychédélico-oriental. Car comme toujours avec Anton Newcombe, l’air est chargé de vapeurs qui perturbent les sens, de fumées, d’encens et de patchouli. Mais somme toute, c’est aussi pour cela que l’on apprécie Brian Jonestown Massacre et on ne boudera pas notre plaisir puisque cela faisait bien longtemps que le groupe n’avait pas livré d’aussi évidentes chansons toxiques. La fin du disque est d’ailleurs particulièrement jouissive avec ce Blue Order New Monday en forme de clin d’œil appuyé au plus grand groupe de Manchester de tous les temps.


Aller plus loin (mots clés et articles associés) :




Brian Jonestown Massacre "Aufheben"


« Laisseriez-vous votre fille épouser un Rolling Stones ? » lança Andrew Loog Oldham lors de la sortie de Beetween The Buttons. Cette provocation pourrait très bien être appliquée à Anton Newcombe et sa bande du Brian Jonestown Massacre. Looser magnifique pour les uns, idole incontestable pour les autres, Anton Newcombe symbolise l’intégrité: il ne vendrait son âme pour rien au monde (hormis peut-être un trip acide avec Brian Jones) face à une industrie du disque dévoreuse. Cette légende a le rock tatoué dans l’épiderme et le prouve encore une fois avec Aufheben.
On ne se perdra pas à expliquer le titre Aufheben dont la traduction française exprime plusieurs sens (soulever, conserver, abolir, lever…). Connaissant Anton Newcombe, il a plutôt voulu faire allusion au concept philosophique Hegelien « Aufhebung » dont la meilleure illustration reste le titre Blue Order New Monday.
Les esprits les plus vifs auront certainement observé l’hommage non dissimulé à New Order et leur Blue Monday. Les eighties dansantes, influences majeures des dernières productions depuis Who Killed Sgt Pepper (2010), sont donc toujours à l’honneur sur Aufheben. Mais, ce treizieme album en treize ans, est aussi l’occasion pour Anton Newcombe de revenir vers des compositions plus traditionnelles comme on en avait déjà entendues sur Their Satanic Majesties' Second Request. Un retour aux sources marqué par un folk psychédélique et lysergique couplé à des sons orientalisants et des guitares byrdsiennes, offrant un trip direct vers des sphères situées à Eight Miles High.
C’est dans un esprit de béatitude opiacée que l’on traverse les cinquante et une minutes d’Aufheben, preuve ultime qu’Anton Newcombe n’est pas si cramé qu’il en a l’air. Si l’un d’entre vous avait encore besoin d’une confirmation qu’Anton Newcombe est un monument du rock américain, la preuve est là.

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